ésident du groupe PSA Peugeot Citroën Christian Streiff le 9 février 2009 à Paris (Photo : Eric Feferberg) |
[29/03/2009 20:40:49] PARIS (AFP) PSA Peugeot Citroën s’est brutalement séparé dimanche de son patron Christian Streiff, deux ans après son arrivée, pour le remplacer par un dirigeant du groupe sidérurgique Corus, Philippe Varin, qui va devoir relancer le constructeur automobile, frappé par la crise.
Le constructeur automobile a annoncé dimanche soir que son conseil de surveillance, présidé par Thierry Peugeot, avait “mis fin au mandat de Christian Streiff, président du directoire” et “nommé Philippe Varin à cette fonction à compter du 1er juin 2009”.
Le conseil de surveillance a été “unanime” pour “juger que les difficultés exceptionnelles qu’affronte l’industrie automobile imposaient un changement de management à la tête du groupe”, a déclaré Thierry Peugeot, cité dans le communiqué.
Christian Streiff, a jugé cette décision “incompréhensible”, dimanche soir dans un communiqué.
“La décision du conseil de surveillance de PSA intervient alors que les résultats de la politique définie et mise en oeuvre avec les équipes depuis deux ans permet au groupe PSA d’être bien armé face à la crise”, déclare Christian Streiff.
M. Streiff estime que le plan “Cap 2010” qu’il a lancé à son arrivée à la tête du groupe en février 2007, “a permis d’économiser 2,4 milliards d’euros en deux ans”. Il ajoute que le programme “Cash 2009” de gestion des liquidités pendant la crise “a pour effet une réduction significative des stocks”.
M. Streiff met aussi l’accent sur “la différenciation accrue des deux marques et la réussite du lancement de nombreux nouveaux modèles, le développement international, le renforcement du leadership environnemental”.
“La communauté économique et financière a salué ces résultats”, poursuit Christian Streiff. “La décision du conseil me paraît donc incompréhensible”, conclut-il.
Christian Streiff était arrivé à la tête du groupe PSA Peugeot Citroën il y deux ans, en février 2007, succédant à Jean-Martin Folz.
Dans la foulée, il avait lancé le plan d’action “Cap 2010” visant à améliorer la rentabilité du groupe, avec l’objectif de faire de PSA le constructeur automobile “le plus compétitif en Europe” en 2015, en s’appuyant sur la maîtrise des coûts, la progression des ventes et le développement international.
érurgique anglo-néerlandais Corus, le 26 juin 2008 à Bombay (Photo : Indranil Mukherjee) |
Mais ces derniers mois ont été marqués par des rumeurs de dissensions entre la famille Peugeot, qui détient 30,27% du capital et 44,87% des droits de vote, et M. Streiff sur la stratégie du groupe, ainsi qu’avec des cadres de l’entreprise.
PSA a enregistré une perte nette de 343 millions d’euros pour 2008, contre un bénéfice de 885 millions en 2007, et M. Streiff avait estimé que “2009 devrait être une année de perte”.
Le constructeur français a obtenu en février, comme Renault, un prêt de 3 milliards d’euros pour l’aider à sortir de la crise, mais la presse s’était fait l’écho de négociations difficiles avec les pouvoirs publics, le patron de PSA se montrant longtemps réticent à s’engager sur le volet social.
La crise a conduit le groupe à renforcer sa politique de réduction de coûts, avec notamment l’annonce en novembre d’un nouveau programme de réduction d’effectifs de 3.550 personnes en France par départs volontaires.
Le pilotage au plus près de la gestion des liquidités et la réduction des coûts devraient rester des priorités pour le groupe face à la crise, estime-t-on chez PSA.
PSA a annoncé que le nouveau patron désigné, Philippe Varin, allait “prendre connaissance des équipes et des activités du groupe” à partir du 15 avril.
D’ici sa prise de fonction officielle, le 1er juin, la présidence par intérim sera assurée par Roland Vardanega, membre du directoire.
Philippe Varin, 56 ans, a accompli toute sa carrière au sein de deux grands groupes internationaux, Péchiney et Corus, et arrive à la tête de PSA, fort de son expérience à la direction de Corus, un groupe en difficulté qu’il a redressé.
Arrivé en avril 2003 à la tête du groupe sidérurgique anglo-néerlandais en difficulté, il a notamment organisé le rapprochement de Corus avec Tata Steel en mars 2007. Tata Steel lui avait alors demandé de rester deux ans à la tête du groupe.
Thierry Peugeot s’est dit “convaincu que, sous la direction de Philippe Varin, le groupe PSA Peugeot Citroën sera à même, avec l’ensemble des équipes, de révéler tout son potentiel”.
De son côté, Christian Streiff peut se targuer d’avoir renforcé la synergie entre les deux marques, Peugeot et Citroën. Il a également poursuivi la stratégie de développement international du groupe en lançant notamment en 2008 la construction d’une usine à Kalouga en Russie. Un incident cérébral l’avait contraint à interrompre ses activités pendant deux mois mi-2008.