Gallal
El Zorba, au nom de tous ses pairs les patrons du Sud de la Méditerranée,
croit dur comme fer, envers et contre la crise ainsi que les multiples
déconvenues de l’Euromed, dans l’avenir de l’ensemble méditerranéen. Le
partenariat avec la rive nord est le seul cap d’avenir et il lui fallait
beaucoup de courage pour soutenir, en substance, que c’est “le bon choix”,
malgré le retard à l’allumage que subit à chaque tentative ce rapprochement
entre les deux bords.
Le partenariat avec l’UE est le Cap de la «bonne espérance»
Gallal El Zorba, président de la Centrale patronale égyptienne,
nouvellement élu à la tête de l’Union Méditerranéenne des confédérations
d’entreprises dont le siège est à Tunis, a tenu une conférence de presse le
vendredi 27 courant au siège de la Centrale, en présence de Shéhérazade
Berrehouma, Secrétaire Générale de l’UMCE et de plusieurs membres du bureau
de l’Union.
Malgré les rendez-vous manqués, les patrons du Sud ne désespèrent pas
d’espérer dans le partenariat avec la rive Nord. Cet ensemble régional
mirage n’est pourtant pas virtuel. On arrive à lui donner forme avec l’Euromed
et tout dernièrement l’UPM, mais il ne prend pas corps, on dirait qu’on
n’arrive pas à le sangler. Vu de l’extérieur, on peut penser que la
disparité de standing économique entre les deux rives empêche de sceller
l’union. Ce projet bute sur la première marche car pour le moment il
s’arrête au stade de «marché commun», au mieux d’une union douanière. Y’a
pas photo !
Les deux ont intérêt à y aller, laisse entendre Gallal El Zorba. Mais le
résultat des courses est ce qu’il est. On voit le nord regarder le sud comme
le candidat par défaut. Tout en se sentant mal aimé, le Sud n’en démord pas.
Le patron des patrons du sud, derrière lequel se rangent les patronats et
milieux d’affaires de 12 pays (Algérie, Chypre, Egypte, Israël, Jordanie,
Liban, Malte, Maroc, Palestine, Syrie, Tunisie et Turquie), ne voit pas
d’autre attelage possible en dehors de celui avec l’UE.
Réaliste et tenace
Nous sommes en face du marché le plus étendu et le plus riche du monde,
soit 450 millions d’habitants et 30% du PIB mondial, rappelait le «Patron»
en termes allusifs et avec cette élocution élégante des bords du Nil. Et
celui qui a le meilleur potentiel. Et là il y allait franchement. C’est
notre planche de salut. Ni l’Inde ni la Chine, enfin l’espace asiatique
manque de moyens pour soutenir la course contre l’UE.
Les matières premières lui font défaut. Et sans le dire mais tout en y
pensant, la technologie lui échappe. Il est vrai que l’ensemble asiatique,
malgré des percées certaines, garde de sérieux handicaps et il plafonne à un
niveau de meccano manufacturier et commercial certes conquérant mais pas
hégémonique. Par conséquent, tôt ou tard, le partenaire du nord finira par
se rendre à l’évidence. Il s’est laissé détourner par les PECO. A leur tour,
en montant en niveau, ils ont perdu de leur attractivité. Et puis la crise
n’a pas que du mauvais. Le yuan chinois est piégé par son Peg avec le
dollar. Qui pouvait penser un instant que les salaires chinois seraient
prohibitifs. C’est pur bénéfice pour la région. Le temps joue en notre
faveur, insinuait Gallal El Zorba.
Comment séduire les investissements
La question a de quoi intriguer, pourtant pour ce visiteur de marque,
elle est invariée. Il faut de la stabilité et un bon retour sur
investissement. Ce sont les uniques considérations pour les investisseurs de
tous bords, qu’ils soient européens ou arabes -et ces derniers n’y
dérogeront pas pour motif d’appartenance ethnique. Alors que faut-il pour
doper la machine ? Des réformes et toujours plus de réformes. Cet appel de
réformes n’est pas une injonction extérieure, c’est aussi une revendication
des patronats locaux.
L’insertion dans l’économie mondiale est à ce prix. Et, bien entendu de
la persévérance. En attendant de voir s’agglomérer les ensembles régionaux,
telle l’UMA, c’est par la progression des réformes qu’on restera comme
partenaires crédibles. En attendant que les résolutions du Sommet économique
arabe de Koweït reçoivent les indispensables dispositions pratiques, selon
Gallal El Zorba, qui constituerait une contribution arabe significative à l’Euromed,
il faut tenir.
Le propos ne manque pas de réalisme. Mais le projet reste toujours une
perspective d’avenir. Jusqu’à quand doit-on attendre de le voir se
concrétiser ?