L’UPM est-elle enterrée ?

L’Union pour la Méditerranée (UPM), ce projet régional qui a
fait rêver les communautés du sud et du nord de la Mare Nostrum, est-elle
enterrée ?

Une chose est sûre. On n’en parle plus, depuis le massacre des Palestiniens
de Gaza avec la complicité du silence des Européens, et surtout, la déclaration
incendiaire, à l’époque, de la présidence tchèque de l’Union européenne,
qualifiant l’invasion terrestre israélienne de “défensive plus qu’offensive”.
Pour la communauté arabo-musulmane sud-méditerranéenne, cette déclaration avait
sonné le glas de l’UPM.

Il faut dire que bien avant l’agression perpétrée contre la Bande de gaza, l’UPM
de Sarkozy n’était pas, déjà, du goût de tout le monde. Beaucoup de voix
s’étaient élevées pour en déplorer les limites et l’inefficience.

M. Adrianus Koetsenruijter, ambassadeur- chef de la Délégation de la
Commission européenne en Tunisie ne va pas par quatre chemins. Pour lui, l’UPM est «une structure bureaucratique et surtout sans
ressources».

Même les responsables tunisiens qui étaient parmi les premiers à soutenir le
projet sont désormais sceptiques. Globalement, ils estiment que l’UPM reste un
projet flou et gagnerait à préciser davantage les mécanismes de financement
devant accompagner son exécution et à opter pour des instruments de financement
similaires à ceux en vigueur en Europe, à l’instar des fonds structurels
européens.

Tout récemment, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci,
a critiqué le caractère “politique” et pléthorique du secrétariat de l’Union
pour la Méditerranée (UPM) suite aux décisions prises par les chefs de la
diplomatie des pays membres en novembre à Marseille.

Au cours d’un entretien accordé à la radio internationale algérienne et
rapporté par l’agence APS, M. Medelci a affirmé que les rôles au sein du
secrétariat de l’UPM ont été “généreusement répartis” au cours de cette réunion.

“Au lieu d’un secrétariat léger et technique tel que décidé au sommet de
Paris”, qui a donné naissance en juillet dernier à l’UPM, la réunion de
Marseille a décidé d’un “secrétariat composé de sept secrétaires généraux
adjoints’’, a relevé le ministre.

Pour mémoire, deux de ces postes ont été attribués à l’Autorité palestinienne
et Israël. Mais l’agression barbare perpétrée contre Gaza a perturbé toutes les
cartes des stratèges de l’UPM.

Autres zones d’ombres, il ya d’abord la nomination du secrétaire général de
l’organisation, qui accuse beaucoup de retard. La déclaration de Paris prévoyait
qu’il serait opérationnel au 1er janvier 2009. A rappelle que ce poste est
proposé à la Tunisie.

Vient ensuite le choix de Barcelone pour abriter le siège de l’Union. Il
n’est pas étonnant de voir les Espagnols, déçus d’avoir beaucoup investi, sans
grand succès, dans le processus de Barcelone, œuvrer pour la marginalisation de
l’UPM. Une probabilité appuyée par l’acharnement des Ibériques à abriter le
siège de l’Union et par les réserves observées par le Conseil de l’Europe à
l’endroit de l’UPM.

Le projet se défend bien pourtant. Les Européens peuvent exploiter l’UPM
comme tête de pont pour relancer leur économie en cette période de crise et
booster la demande et la croissance au sud de la Méditerranée et en Afrique où
les besoins de financement sont énormes, particulièrement dans les domaines de
la formation, de l’enseignement et de la production énergétique.

Les études sont formelles : tout renforcement de la croissance au sud de la
Méditerranée profitera à l’Union européenne. Selon des études récentes, ‘’tout
point de croissance à réaliser au sud se traduira par un taux de croissance de
l’ordre de 0,2% au nord de la Méditerranée”.

Pour ne rien oublier, l’UPM comprend les 27 pays de l’Union européenne et
douze partenaires du sud méditerranéen : Algérie, Egypte, Israël, Jordanie,
Liban, Maroc, Mauritanie, Syrie, Autorité palestinienne, Tunisie, Turquie et
Libye (en qualité d’observateur), ainsi que cinq Etats riverains du nord de la
Méditerranée: Albanie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro et Monaco.