Espagne : recul historique des prix, le gouvernement écarte la déflation

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à Barcelone le 8 janvier 2009 (Photo : Josep Lago)

[30/03/2009 13:21:28] MADRID (AFP) Pour la première fois depuis le début du calcul de l’inflation en Espagne, les prix ont reculé au mois de mars sur un an, selon les chiffres provisoires publiés lundi, mais le gouvernement, déjà confronté à la récession et à l’envolée du chômage, ne veut pas croire à la déflation.

L’Institut national de la statistique (Ine) a publié le chiffre provisoire du mois de mars, qui a révélé que les prix ont reculé de 0,1% sur un an.

“C’est une première” depuis que l’Ine a commencé à calculer l’inflation en 1961, a déclaré une porte-parole.

Depuis l’été 2008, l’inflation espagnole, qui était traditionnellement supérieure à celle de la zone euro, a fortement reculé. Au mois de février, la hausse des prix sur un an était de 0,7%.

Le gouvernement a toutefois écarté l’hypothèse d’une déflation, un scénario craint par les économistes en raison de son impact sur l’activité, qui se caractérise par une période prolongée de recul des prix.

“Ce n’est pas encore la situation en Espagne”, a déclaré à la télévision nationale le ministre de l’Economie Pedro Solbes.

“C’est une donnée négative”, a-t-il reconnu, attribuant la raison de ce recul à la différence de prix du pétrole entre cette année et la précédente.

Les prix du pétrole ont atteint des sommets en juillet 2008, ce qui avait eu un fort impact à la hausse sur les prix en Espagne.

Toutefois, la chute des prix est beaucoup plus sévère que le gouvernement ne l’attendait. En novembre, il avait estimé que l’inflation allait progressivement ralentir jusqu’à l’été 2009 pour se situer sous la barre des 1% d’augmentation.

La baisse des prix se prolongera “durant plusieurs mois, même au delà de l’été”, a déclaré le secrétaire d’Etat à l’Economie, David Vegara. “Une période relativement longue” mais “transitoire”, a-t-il déclaré à des journalistes.

Le gouvernement socialiste espagnol est confronté à une très sévère dégradation du panorama économique.

Après près d’une décennie de forte croissance achevée en 2007, l’Espagne est brutalement entrée en récession fin 2008, frappée par la crise financière internationale et l’éclatement de sa bulle immobilière.

Le chômage augmente à une vitesse vertigineuse. L’Espagne est le pays de la zone euro qui affiche le plus fort taux de chômage de la zone euro, avec 14,8% en janvier selon Eurostat, ce qui plombe la consommation des ménages.

Au total fin février, l’Espagne, durement frappée par la crise économique, comptait 3.481.859 personnes au chômage et les perspectives sont mauvaises.

La banque BBVA estime qu’il y aura 4,5 millions de chômeurs en 2010.

Le chiffre définitif de l’évolution des prix au mois de mars sera publié le 15 avril.