Négociations cruciales en vue pour tenter de sauver l’A400M d’EADS

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ésentation de l’Airbus de transport militaire A400M

[30/03/2009 14:37:44] PARIS (AFP) Le groupe EADS et les pays européens clients de son avion de transport militaire A400M vont entamer début avril des négociations pour tenter de sauver du désastre ce programme de 20 milliards d’euros, actuellement empêtré dans des retards qui font craindre son arrêt.

EADS a de nouveau assuré lundi être “pleinement engagé dans la construction de l’A400M”, tout en demandant une renégociation du contrat. Une mise au point rendue nécessaire par les déclarations la veille du président de sa filiale Airbus, Thomas Enders, qui avait évoqué la possibilité d’un arrêt du programme.

“Dans les conditions actuelles, nous ne pouvons pas construire l’appareil”, a dit M. Enders à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, préférant “une fin qui provoque des cris d’orfraie, que des cris d’orfraie sans fin”.

Airbus est actuellement incapable de fournir une date officielle pour le premier vol de l’avion, en raison de problèmes avec le système de motorisation, ce qui provoqué la colère des sept pays européens à l’origine de ce programme.

Les premières livraisons de ces appareils très attendus dans les armées interviendront en effet avec au moins trois ans de retard. La France table même plutôt sur cinq ans.

Les clients n’ont cessé ces dernières semaines d’accroître la pression sur EADS. La Grande-Bretagne et l’Allemagne n’ont ainsi pas exclu une annulation pure et simple.

Mais Paris a rappelé lundi son attachement à la réussite de ce programme “européen phare, un programme majeur pour l’industrie, un programme extrêmement bien placé et unique dans le monde”.

Les ministres de la Défense des pays concernés sont convenus mi-mars de repousser de début avril au 1er juillet la date à partir de laquelle ils peuvent dénoncer le contrat, se donnant trois mois pour négocier avec l’industriel.

Des négociations formelles entre EADS et ses clients sur l’avenir de l’A400M doivent commencer début avril. Au programme: le calendrier de livraison, la question des pénalités de retard et des spécifications de l’appareil.

EADS – qui a déjà dû passer pour 2,1 mds de provisions pour faire face aux conséquences de ces retards – souhaiterait échapper à de nouvelles pénalités et assouplir le cahier des charges.

Côté clients, on espère gagner un peu de visibilité. “Nous avons besoin d’une présentation claire: de quelle manière, dans quelle configuration… et dans quels délais l’A400M peut-il être réalisé ?”, a déclaré lundi le ministre allemand de la Défense Franz Josef Jung.

“On reprend d’une certaine manière le programme à zéro et cela va prendre du temps”, juge Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

La question est d’autant plus épineuse que les pays doivent aussi s’entendre entre eux. En particulier, il n’est “pas certain que les Britanniques veuillent rester” dans le programme, à l’inverse des autres, souligne M. Maulny.

Mais une annulation de l’A400M “serait une catastrophe pour l’Europe de l’armement et pour EADS”, selon lui.

“Il faut bien admettre que le risque de voir Airbus arrêter ce programme apparaît moins hypothétique”, juge pour sa part un analyste du Crédit Mutuel-CIC, qui estime que les conséquences pour l’avionneur seraient “considérables”, à la fois financièrement et “en termes de réputation”.

En cas d’annulation, EADS devrait rembourser 5,7 mds d’euros à ses clients, à l’heure où le groupe est déjà confronté aux défis de la montée en cadence de l’Airbus A380, du lancement de l’A350 et des annulations de commandes des compagnies aériennes frappées par le crise.