A la tête de PSA, Philippe Varin va trouver un groupe fragilisé par la crise

[30/03/2009 17:21:16] PARIS (AFP)

photo_1238431596986-1-1.jpg
à Bombay le 26 juin 2008 (Photo : Indranil Mukherjee)

Le nouveau patron de PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin, fort du redressement réussi du sidérurgiste Corus, va devoir s’atteler au redressement d’un constructeur frappé de plein fouet par la crise de l’automobile et fragilisé par le départ de plusieurs cadres dirigeants.

“Les difficultés exceptionnelles qu’affronte l’industrie automobile imposaient un changement de management à la tête du groupe”, a déclaré dimanche soir le président du conseil de surveillance Thierry Peugeot, pour expliquer l’éviction de Christian Streiff.

Le groupe a subi l’an dernier sa première perte nette depuis une dizaine d’années et s’attend à ce que 2009 soit encore une année dans le rouge.

Mais le départ de M. Streiff ne devrait pas bouleverser à court terme les grandes orientations du groupe, selon des analystes.

La crise a déjà contraint PSA à renforcer ses mesures d’économies et de réduction des stocks, le groupe concentrant ses efforts sur la gestion de la trésorerie, cruciale pour surmonter la crise.

“La stratégie de fond sera la même” avec le nouveau patron: “la poursuite des réductions des coûts et l’internationalisation”, juge ainsi Guillaume Mouren, analyste de l’institut Xerfi, qui s’attend à un changement “plus dans la forme”. M. Streiff avait suscité des critiques sur sa communication.

A court terme, PSA doit “économiser le cash-flow, réduire les stocks et faire en sorte que ses fournisseurs ne fassent pas faillite”, ajoute M. Mouren.

“La feuille de route est connue et clairement définie” pour “préserver le cash et limiter les dépenses”, commente-t-on chez PSA.

Bertrand Rakoto, analyste automobile chez Polk France, s’attend à une gestion dans la continuité mais se dit “dans l’expectative” face à l’arrivée d’un nouveau patron qui n’est pas issu du monde automobile.

Le poste demande “une sensibilité” aux “spécificités du domaine automobile” et dans ce contexte, “l’entourage” du nouveau patron sera un facteur important, juge l’analyste.

Philippe Varin prendra ses fonctions officiellement au 1er juin, deux jours avant l’assemblée générale du groupe. Mais il va rencontrer les équipes de PSA dès le 15 avril et trouver une équipe dirigeante remaniée.

Un nouveau directeur général, Jean-Marc Gales, va prendre en avril la direction de Citroën, en remplacement de Gilles Michel nommé à la direction générale du Fonds stratégique d’investissement (FSI).

Le groupe a aussi enregistré récemment le départ du directeur des ressources humaines Jean-Luc Vergne remplacé par Denis Martin et du directeur général de la filiale financière Banque PSA Finance, Hervé Guyot.

A son arrivée, M. Varin va également trouver sur la table le plan de relance Cap 2010 lancé par Christian Streiff il y a deux ans pour améliorer la rentabilité, via le développement international, le renouvellement de la gamme et des économies de coûts.

PSA a aussi lancé en novembre un nouveau plan de 3.35O suppressions d’emplois en France, par départs volontaires.

Les syndicats se sont montrés surpris de l’éviction de M. Streiff, mais la CGT a indiqué qu’elle “ne le regrettera pas”, en fustigeant un “bilan anti-social”, tandis que la CFDT et FO ont mis en garde contre l’octroi d’un “parachute doré”.

La direction de PSA a assuré que M. Streiff ne toucherait “pas d’indemnité exceptionnelle de départ”, en précisant que “cela ne fait pas partie des pratiques du groupe”.