Allemagne : montée inattendue du chômage en mars, la crise étend son emprise

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à Dresde (Photo : Norbert Millauer)

[31/03/2009 09:08:32] FRANCFORT, Allemagne (AFP) Le taux de chômage en Allemagne a augmenté de façon inattendue en mars, selon des chiffres diffusés mardi par l’agence fédérale pour l’emploi qui souligne une emprise de plus en plus grande de la crise sur le marché du travail.

Le taux de chômage brut, qui fait référence dans le débat public, a augmenté de 0,1 point à 8,6%. Quelque 3,586 millions de personnes étaient à la recherche d’un emploi en mars, soit 34.000 de plus qu’en février.

Comparé à mars 2008 cette fois, le nombre de sans-emploi a augmenté de 78.000. “Il s’agit de la première hausse sur un an (…) depuis décembre 2005”, souligne l’Office.

“Elle s’explique par la sévère récession dans laquelle se trouve l’économie allemande”, ajoute-t-il

Les économistes interrogés par l’agence Dow Jones Newswires s’attendaient plutôt à un recul, le mois de mars et ses températures plus clémentes permettant en général une reprise des travaux de plein air, ce qui profite au marché dans son ensemble.

“Le ralentissement de l’économie agit de plus en plus sur le marché du travail”, souligne le président de l’agence Frank Weise, cité dans un communiqué. Tous les clignotants du marché sont au rouge. Le chômage augmente, l’emploi soumis à cotisation sociale baisse, de même que la demande de main d’oeuvre.

En données corrigées des variations saisonnières et calendaires, le nombre de chômeurs a augmenté de 69.000 personnes ce qui porte le taux CVS à 8,1%. Les économistes misaient sur une hausse de quelque 50.000 et un taux à 8%, selon un consensus diffusé par l’agence Dow Jones Newswire.

Et cela aurait pu être pire. “La hausse en données saisonnières a été contenue par le chômage partiel”, explique l’office. Le gouvernement allemand a étendu la durée de cette mesure qui permet aux entreprises, forcées de réduire leur production face à la chute de la demande, de mettre en congé forcé leurs salariés mais sans avoir à les licencier. Ces derniers reçoivent une partie de leur salaires.

Aussi bien les poids lourds de l’industrie allemande, comme ThyssenKrupp ou Daimler, que les petites et moyennes entreprises (PME) y ont massivement recours.

Le marché du travail devrait encore se dégrader dans les mois à venir, souligne Thilo Heidrich, économiste chez Postbank qui note que l’emploi réagit toujours avec un certain délai à un retournement économique. “Le chômage devrait encore progresser jusque dans le courant de l’année 2010”, juge-t-il.

Cela n’annonce rien de bon pour l’économie. “Il semble probable que les dépenses de consommation vont rester très faibles”, estime Jennifer Mc Keown, de Capital Economics.

Les commandes industrielles et les exportations, point fort de l’Allemagne, étant mises hors jeu par la crise, la première économie européenne devrait chuter nettement plus que prévu il y a encore quelques semaines. Les économistes misent sur un contraction du Produit intérieur brut de 4 à 5%, le gouvernement a déjà indiqué qu’il réviserait la sienne (-2,25%) fin avril.