Google veut séduire les internautes chinois avec un moteur musical

photo_1238495686415-1-1.jpg
écran d’ordinateur (Photo : José Luis Roca)

[31/03/2009 10:36:54] PEKIN (AFP) Google a lancé cette semaine en Chine un moteur de recherche musicale pour se développer parmi la première population d’internautes au monde, malgré le piratage, mais aura du mal à rattraper le leader du marché, le chinois Baidu.

Le géant américain de l’internet entend offrir — au public chinois uniquement — du téléchargement gratuit, après s’être assuré, via un partenaire local, les licences pour plus d’un million de morceaux, de plus de 140 labels, dont les géants Warner, Sony, Universal et EMI.

Google et son associé, la société chinoise d’édition musicale en ligne, Top100.cn, devraient partager avec les maisons de disques les revenus tirés de la publicité.

La stratégie de Google “s’améliore en Chine où le divertissement est un élément plus important (qu’ailleurs) de l’internet”, a commenté Liu Ming, un analyste de la société de recherches BDA.

“Le développement des services dans le divertissement, comme un moteur de recherches musicales, va lui permettre de mieux se mesurer aux moteurs locaux comme Baidu”, a-t-il ajouté.

C’est en partie grâce à son offre de recherche de musique que Baidu se taille la part du lion du marché chinois de la recherche sur internet: 70%, soit à peu près trois fois la part de Google, selon les experts.

L’arrivée de Google sur le créneau ne devrait pas fondamentalement changer la donne dans l’immédiat.

“Cela va mettre pas mal la pression sur Baidu. Mais il est difficile de changer les parts de marché à court terme”, dit Liu.

Surtout vu le poids de Baidu qualifié l’an dernier de “plus important et plus incorrigible pourvoyeur de musique piratée en Chine” par la Société chinoise des droits d?auteur musicaux (MCSC).

Baidu a fait l’objet de procédures judiciaires de la part de labels, dont Universal, Warner et Sony BMG, qui lui reprochent de cautionner le piratage de fichiers musicaux piratés, véritable fléau en Chine où, selon la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI), 99% des téléchargements en Chine sont illégaux.

Baidu, coté au NASDAQ à New York, réplique qu’il se contente de fournir des liens vers des sites de musique offrant des téléchargements de musique.

L’accord des maisons de disque avec Google semble une solution alternative pour les premières: “en fait c’est l’avenir de l’industrie de la musique. Ils doivent offrir de la musique gratuite en ligne pour combattre le problème de piratage”, estime Elinor Leung de Crédit Lyonnais Securities Asia à Hong Kong.

“C’est probablement parce que ce problème est le plus aigu en Chine qu’ils y ont d’abord lancé” le service, ajoute-t-elle.

Mais pour Wei Guichuan, analyste de CCID Consulting à Pékin, cela ne va pas forcément avoir beaucoup d’effets en termes de lutte contre la piratage.

“Les utilisateurs se moquent de savoir si la musique est légale ou pas. Ils choisissent ce dont ils ont beoin”, dit-il.

La Chine a la plus importante population d’internautes au monde: près de 300 millions fin 2008, selon des statistiques chinoises.