ère de l’Economie et des Finances, à Paris en 2005 (Photo : Jack Guez) |
[31/03/2009 11:14:46] PARIS (AFP) Sous l’effet conjugué de la crise économique et du plan de relance, le déficit public de la France a atteint 3,4% du PIB en 2008 et va encore exploser cette année, pouvant atteindre jusqu’à 8,3% du PIB en 2010, selon l’OCDE.
Selon une première évaluation publiée mardi par l’Insee, le déficit public (Etat, sécurité sociale et collectivités locales) s’est dégradé de 14,6 milliards d’euros en 2008, passant de 2,7% à 3,4% du PIB. “Les administrations centrales, en particulier l’Etat, sont à l’origine de l’essentiel de cette détérioration”, relève l’Institut national de la Statistique.
La faible progression des recettes publiques (+2,3%), plus lente que celle des dépenses (+3,7%), conséquence de la crise économique qui diminue les rentrées fiscales et nécessite l’intervention financière de l’Etat, explique cette évolution.
Le gouvernement a annoncé un déficit à 5,6% du PIB pour 2009, puis à 5,2% en 2010. Mais il assure qu’une fois passées les dépenses du plan de relance, et avec l’aide de la reprise économique, le déficit se réduira nettement pour revenir à 4,0% en 2011 et 2,9% en 2012, en-dessous de la limite de 3% autorisée par Bruxelles.
La Commission européenne en effet donné un répit, jusqu’en 2012, à différents pays, dont la France, pour ramener leur déficit sous cette limite, en raison des circonstances exceptionnelles liées à la récession.
Selon une nouvelle estimation publiée par l’OCDE, la trajectoire risque toutefois d’être difficile à tenir. L’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) prévoit en effet un déficit public de la France à 6,6% du PIB cette année puis à 8,3% en 2010.
Un écart frappant qui s’explique essentiellement par des prévisions de croissance très différentes entre l’OCDE, particulièrement pessimiste, et le gouvernement français.
Alors que Paris table sur une diminution du PIB de 1,5% en 2009 et une hausse de 1% l’an prochain, l’OCDE prévoit de son côté une chute du PIB de 3,3% cette année, puis -0,1% l’an prochain.
Tout en soulignant les grandes incertitudes des prévisions en temps de crise, la plupart des économistes sont moins alarmistes que l’OCDE mais estiment que le PIB baissera d’au moins 1,5% cette année.
Quant à la dette publique, elle a suivi la même trajectoire que le déficit, augmentant de 9,8% l’an dernier pour atteindre 1.327 milliards d’euros à la fin 2008, soit 68% du PIB.
De l’aveu même du gouvernement dans son dernier collectif budgétaire, la dette de la France devrait monter à 73,9% du PIB en 2009 et continuer de s’envoler pour se situer “aux environs de 77-78% du PIB en 2010-2011”, selon les dernières prévisions officielles. Bien loin de la limite de 60% préconisée par Bruxelles.
Et contrairement au déficit, qui pourra être réduit une fois stoppées les mesures temporaires de relance, la dette devrait se maintenir à un niveau très élevé. Pour 2012, le gouvernement prévoit toujours 78,1% du PIB.
Or la seule “charge” des intérêts de la dette de la France représente l’un des premiers postes de dépenses dans le budget de l’Etat. En 2009, ces intérêts devraient coûter 43 milliards d’euros.
Si la dette dépasse 75% du PIB, ces intérêts représenteront de 3,5 à 4% du PIB, et faute d’être remboursés, ils contribuent à gonfler davantage la dette d’année en année.