Le marché du réassort se substitue de plus en plus à celui qui existait
auparavant et qui tendait à anticiper les besoins des consommateurs, des mois à
l’avance. «En Europe, les circuits de distribution achetaient 70% de leurs
besoins en habillement d’une seule traite et répartissaient les 30% restant sur
toute l’année; aujourd’hui, c’est le contraire qui se passe, et au lieu d’aller
s’approvisionner en grandes quantités en Chine, on fait appel à la Tunisie pour
les petites quantités et les petites commandes», a expliqué Afif Chelbi,
ministre de l’Industrie, de l’Energie et des PME, lors de la conférence de
presse tenue mardi 31 mars au siège du ministère et dans laquelle, il était
question des dernières évolutions des secteurs industriel et énergétique à
l’ombre de la crise.
Car on ne le répétera jamais assez, à quelque chose malheur est bon. Et même
si les exportations des produits manufacturiers tunisiens ont reculé de 17% avec
un montant de 3.806 millions de dinars au 25 mars, il n’en reste pas moins que
des indices positifs ont été relevés au niveau de certaines activités. Un des
secteurs touchés par la crise, en l’occurrence celui des textiles, affiche une
évolution de ses exportations de 11% dans l’activité du prêt à porter.
Les exportations des câbles électriques ont, pour leur part, progressé de
l’ordre de 12%. Rappelons à ce propos que cette activité est en tête de liste au
niveau des exportations de l’industrie automobile électronique et mécanique. 35
entreprises tunisiennes et étrangères y opèrent. La croissance de leurs
productions prouve qu’à l’échelle européenne, on assiste à un repositionnement
du secteur dû au fait que les grandes usines ont revu leurs productions à la
baisse, ce qui s’est répercuté positivement sur des sites comme la Tunisie,
précise Afif Chelbi.
Sans oublier que des grands projets continuent à se développer dont celui de
l’Usine allemande de câblage automobile Kromberg et Schubert à Béja et dont le
montant de l’investissement est de 43 millions de dinars tunisiens. Lors de
l’inauguration récente de son extension, Hans Otto Kromberg, son PDG, avait
déclaré : «C’est un grand jour pour une entreprise qui inaugure son 15ème site
de production en dehors de l’Allemagne et le 7ème en dehors de l’Europe. Le
choix de s’implanter en Tunisie est un choix stratégique. Etant un pays
compétitif, avec une stabilité politique et économique, votre pays nous a
convaincus grâce à ses atouts». Et l’on s’attend à ce que le nombre de postes
d’emploi offerts par cette usine atteigne les 2.800 à la fin de cette année 2009
et 3.500 en 2010.
Un peu plus loin à Gafsa, le japonais Yazaki démarre au mois d’avril le
recrutement des personnels pour son usine. L’on s’attend à la création de 3.000
postes d’emploi dont 764 ce mois-ci.
Aerolia du constructeur français airbus démarre les travaux de construction
de son usine incessamment et compte créer près de 750 emplois pour un
investissement de 56 millions de dinars.
Ceci étant, précisons quand même que 6.000 personnes ont été licenciées
depuis le déclenchement de la crise et 6.000 autres ont vu leurs heures de
travail réduites. 28 entreprises ont fermé leurs portes depuis le début de
l’année. «Nous sommes dans les normes, affirme le ministre, en général nous
assistons à la fermeture de 100 entreprises par an. 28 depuis le début de
l’année, ça n’a rien de dramatique, nous sommes dans la moyenne».
Les mesures prises pour soutenir l’export ne devraient-elles pas être
généralisée à l’ensemble du tissu entrepreneurial tunisien ?
Parmi les 500.000 emplois assurés par le secteur privé en Tunisie, 350.000
sont fournis par les entreprises exportatrices, d’où leur importance. «Les
autres entreprises ne seront pas négligées pour autant. Nous les traiterons au
cas par cas», a affirmé le ministre.
En période de crise, on se met à niveau
La crise représente également une bonne occasion pour les entreprises en
baisse d’activités pour se mettre à niveau. Et au cours des trois premiers mois
de l’année, 90 entreprises ont intégré le Programme de mise à niveau, soit une
hausse de 73% en comparaison avec l’année dernière. Le volume des
investissements a, pour sa part, progressé de 70% avec 94 millions de dinars.
Dans le même ordre d’idée, des efforts substantiels ont été déployés pour
améliorer la qualité des produits tunisiens. On ambitionne d’atteindre les 1.300
entreprises classées iso 9002. Un prix présidentiel sacrera l’entreprise qui
aura réussi le mieux sa mise à niveau. Un prix présidentiel sera également
décerné dans le cadre du programme de développement pour la promotion de la
maîtrise de l’énergie au cours de ce mois.
L’énergie bénéficie d’un intérêt croissant de la part des pouvoirs publics,
en particulier les énergies renouvelables. Le mois d’avril verra à ce propos une
multitude de manifestations se rapportant à cette thématique importante. Un
colloque relatif au soutien des politiques de maîtrise de l’énergie sera
organisé en partenariat avec la Banque mondiale tout comme l’inauguration du
centre de la technologie thermique et énergétique au centre technique des
produits de construction, de céramique et de verrerie.
Des visites sur terrain sont programmées par l’ANME pour la promotion et la
sensibilisation à l’importance des nouvelles énergies.
Après la promotion des toits photovoltaïques, la mode est à celle des maisons
solaires qui bénéficient d’une subvention de 30% de la part de l’Etat et dont
les utilisateurs peuvent vendre le surplus d’électricité à la STEG. A ce propos,
certains pensent que le recours aux énergies renouvelables reste assez limité
parce que trop cher pour la moyenne des Tunisiens, et ce malgré les subventions
de l’Etat.
En attendant, des appels d’offres pour construire deux centrales électriques
à Bizerte et à Sousse ont été lancés. Dans le même temps, une société d’études a
été constituée entre la STEG et TERNA l’italienne pour la réalisation d’un câble
électrique liant la Tunisie à l’Italie.
Sur un tout autre volet et par rapport au secteur énergétique traditionnel,
on a relevé que la production des hydrocarbures a augmenté de 5% à la fin du
mois de février par rapport à l’année dernière grâce à la mise en exploitation
du champ d’Alchourouk. On s’attend à des augmentations beaucoup plus
significatives avec l’entrée en exploitation du champ Hasdrubal qui est l’un des
plus riches en Tunisie que ce soit en production de gaz naturel ou d’hydrocarbures.
Et contrairement à ce que l’on peut penser, une augmentation de productions
énergétiques ne rime pas automatiquement avec baisse des prix des hydrocarbures.
Car dans le cadre du régime de régulation des prix des produits pétroliers mis
en place par l’Etat, on reste encore au dessous des 10 $ prévus pour la révision
des prix des hydrocarbures. Les prix du marché en vigueur, aujourd’hui, étant de
52 $ et le prix du Brent est de 44 $ pour le premier trimestre de l’année 2009.
Voilà, c’est dit !