é de banque compte des billets, le 11 avril à Shanghai (Photo : Mark Ralston) |
[01/04/2009 11:43:33] PEKIN (AFP) La Chine multiplie les accords d’échange de devises (swap), affirmant vouloir lutter contre la crise financière, tout en poussant sur le devant de la scène internationale sa monnaie, pour l’heure non convertible, selon des analystes.
Le dernier accord d’échange temporaire de devises, avec l’Argentine, pourra atteindre 70 milliards de yuans (7,72 milliards d’euros) sur trois ans.
Dans un communiqué, la Banque centrale de Chine met l’accent sur ses efforts pour lutter contre la crise financière, via “une coopération active” et la signature de six accords de crédit croisé depuis décembre, dont les détails n’ont toutefois pas été précisés.
“Cela a amélioré la capacité et la confiance pour réagir à la crise financière”, estime-t-elle.
Au total, ces swaps conclus avec la Corée du Sud, Hong Kong, la Malaisie, le Bélarus, l’Indonésie et l’Argentine, représentent 650 milliards de yuans (71,7 milliards d’euros).
D’autres encore sont en discussion.
Pour Patrick Bennett, économiste de SGCIB à Hong Kong, les autorités chinoises sont mues par le désir d’apporter leur pierre à la lutte contre la crise, en injectant de la liquidité dans le système financier.
Ces accords “indiquent que l’influence sur l’économie mondiale de la Chine est de plus en plus forte, elle est l’une des rares économies capables d’intervenir et de faire une différence”, souligne-t-il.
Certains économistes estiment cependant que ces swaps visent à injecter dans le système financier des yuans, une monnaie au taux de change strictement contrôlé et à la convertibilité bien trop limitée pour lui permettre de jouer pleinement ce rôle.
La Banque centrale n’a fourni aucune précision sur la nature des devises échangées, qui, côté chinois, pour de nombreux économistes, sont bien des yuans.
“La plupart des pays qui ont conclu des accord de swaps avec la Chine ne les ont pas encore utilisés. Le yuan a pour eux peu d’intérêt en dehors du financement du commerce (…) car il ne peut pas être négocié hors de Chine”, relève ainsi Andrew Peaple, un expert-comptable collaborateur de l’agence Dow Jones Newswire.
Zhang Taowei, professeur du centre d’études financières de l’Université Tsinghua de Pékin, estime également que les swaps permettront aux partenaires de la Chine de financer leurs achats chez le géant asiatique.
“La Banque centrale de Chine a ouvert pour la Banque centrale d’Argentine un compte de 70 milliards de yuans qui doivent servir de monnaie de paiement dans les futurs échanges commerciaux bilatéraux”, résume-t-il.
“Dans le contexte de crise internationale, cela peut promouvoir le commerce bilatéral et des investissements directs” pour éviter les frais et les fluctuations des taux de change, souligne la Banque centrale.
De fait, confirme M. Zhang, cela “réduit les risques et la dépendance au dollar”, à l’heure où la Chine a relancé l’idée d’en finir avec la domination du billet vert et d’adopter une monnaie de référence internationale stable, non soumise à des considérations de politique intérieure.
“Le but semble bien de poser les fondations pour que le yuan devienne plus largement utilisé dans le commerce international”, affirme Andrew Peaple.
Pourtant le chemin à parcourir reste long: si “on voit que le poids international du renminbi (autre nom du yuan) s’accroît, il y a encore des difficultés pour arriver à une convertibilité libre sur la scène mondiale”, reconnaît Zhang.
La Chine ne fait que préparer, à l’essai, l’utilisation de sa monnaie dans les échanges commerciaux avec Hong Kong, un territoire qui lui a été rétrocédé par les Britanniques en 1997.
Elle envisage d’étendre ensuite l’expérience à ses proches voisins de l’ASEAN (sud-est asiatique).