Ouvrir ou pas les panneaux de pub “intelligents”, la justice doit trancher

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écran géant équipé de capteurs de mouvements et de connexion Bluetooth, le 11 mars 2009 dans le métro parisien (Photo : Caroline Ventezou)

[01/04/2009 12:44:40] PARIS (AFP) Les écrans publicitaires qui comptent leur public se livrent-ils à une vidéosurveillance mercantile ou au recueil de données biométriques? Pour en avoir le coeur net, des associations ont réclamé mercredi une expertise, dont la RATP et ses partenaires contestent les modalités.

La juge des référés du tribunal de Paris a mis en délibéré au 29 avril sa décision concernant la demande présentée par cinq associations d’analyser le contenu de ces dispositifs équipés de capteurs faciaux mesurant le nombre et la durée des passages devant l’écran, promis à un large déploiement dans le métro et les gares de région parisienne.

“On veut me faire croire qu’il y a des caméras qui n’enregistrent pas”, a argué Joachim Scavello, avocat des associations, dont Résistance à l’agression publicitaire (Rap) et “Souriez vous êtes filmés”, qui soupçonnent ces panneaux, sur lesquels défilent des petits films, de renfermer des instruments de vidéosurveillance ou de biométrie.

“L’expertise serait un moyen d’avoir un avis professionnel et indépendant”, a-t-il souligné.

La plupart des avocats des sociétés assignées, la RATP, sa régie publicitaire Metrobus, Majority Report, qui fournit la technologie et l’assembleur, Serelec, ont assuré accepter une expertise pour prouver leur bonne foi, mais ont catégoriquement rejeté l’ouverture des panneaux, invoquant le secret industriel ou contestant l’intérêt à agir des associations.

Seul Me Paul Talbourdet, pour Majority Report, a persisté dans son refus d’une expertise, évoquant le “risque que le savoir-faire et la technologie de Majority Report se retrouvent sur la place publique”.

“C’est comme la confiture de grand-mère : j’ai la recette, on me dit +il y a un colorant dangereux+ et on veut me forcer à la donner”, a-t-il dit.

Selon lui, les personnes apparaissent sur les documents extraits de ces panneaux sous la forme de “points lumineux”, ce qui exclurait toute éventualité de vidéosurveillance ou d’analyse biométrique.

“Metrobus ne s’oppose pas à une expertise de telle sorte qu’il soit parfaitement établi que ces écrans ne contiennent aucun de ces dispositifs”, a déclaré Me Jacques-Henri Kohn.

“Ce que produisent ces panneaux, c’est ce qui en sort et ce qui en sort peut faire l’objet d’une expertise”, a indiqué Me Etienne Drouard, représentant également Metrobus, qui a en revanche rejeté toute ouverture des écrans.

Au nom de la RATP, Me Ariane Mole a exprimé la même position mais réclamé une expertise dans un “temps raisonnable de deux mois”, et a estimé que “ce sont les associations demanderesses qui doivent assumer le coût de cette expertise”.

Une analyse sans ouverture des panneaux éluderait le problème des “potentialités de mise à jour”, a objecté quant à lui David Sterboul, militant de Rap, présent à l’audience. “Ce sont des technologies qui évoluent et que l’on peut mettre à jour à distance”, a-t-il expliqué à l’AFP.

“C’est une course contre la montre”, a-t-il fait valoir de surcroît alors que quatre écrans de ce type sont installés depuis décembre à la station Charles De Gaulle-Etoile et qu’au total, 400 doivent être déployés dans le métro parisien et 800 dans les gares franciliennes en 2009.