îne d’assemblage d’automobiles Opel, à Eisenach, le 24 janvier 2008 (Photo : Jens-Ulrich Koch) |
[01/04/2009 13:53:30] FRANCFORT, Allemagne (AFP) Depuis deux mois, le succès de la prime à la casse – 2.500 euros pour le remplacement d’une voiture ancienne par un véhicule récent – ne cesse d’enfler en Allemagne: le nombre de demandes frôlait mercredi le million, soit presque le double du budget fixé à l’origine.
“Les consommateurs devraient garder leur calme”, a conseillé Thomas Steg, porte-parole adjoint de la chancellerie, lors d’une conférence de presse.
Depuis lundi, et singulièrement dans la matinée de mercredi, le nombre de demandes est brutalement monté en flèche à la faveur d’une nouvelle procédure qui permet de transmettre sa demande par Internet.
Conséquence, mercredi à 13H50 GMT, l’organisme chargé de les recenser, le Bafa, comptabilisait 941.289 demandes, selon son site internet, tendance montante.
Toutes ne remplissent pas les conditions requises pour obtenir les 2.500 euros promis à l’achat d’un véhicule récent, a prévenu le porte-parole. Mais il a aussitôt concédé: le 1,5 milliard d’euros budgété à l’origine “ne devrait pas suffire”.
En lançant fin janvier la prime à la casse, dans le cadre d’un plan de relance beaucoup plus vaste, le gouvernement n’imaginait pas un tel succès: il avait fixé une limite de 600.000 demandes, ce qui représentait déjà environ un cinquième des ventes estimées sur l’ensemble de l’année.
La chancelière conservatrice Angela Merkel et le vice-chancelier social-démocrate Frank-Walter Steinmeier se sont déjà mis d’accord pour étendre le dispositif jusqu’à la fin de l’année, mais les modalités restent à définir.
Interrogé par l’AFP, un porte-parole du ministère de l’Economie n’a pas été en mesure de dire si le budget était désormais illimité.
Dans la crainte d’arriver trop tard, des milliers d’Allemands se sont précipités ces derniers jours pour profiter de l’aubaine.
“Au total, ce sera plus d’un million de demandes cette année”, pronostique Frank Schwope, analyste de NordLB, interrogé par l’AFP. Au-delà du rapport très émotionnel que cultivent les Allemands à leurs voitures, “la moyenne des véhicules avait atteint 8 ans, il y avait donc un besoin de rattrapage dans la population”, selon lui.
L’analyste prévoit des ventes comprises entre 3,1 – le niveau de 2008 – et 3,5 millions de véhicules cette année. “Le marché va très fortement augmenter ces trois ou quatre prochains mois”, prédit aussi Jürgen Pieper de la banque Metzler.
En février, le marché automobile a déjà massivement redressé la tête (+21,5% sur un an). Les chiffres pour mars seront connus jeudi, mais ils devraient suivre la même tendance.
A six mois des élections générales, aucun des deux grands partis au pouvoir n’a voulu mettre fin à l’une des dispositions les plus rapidement mises en place du plan de relance. D’autant que l’Allemagne s’apprête à réviser drastiquement sa prévision de Produit intérieur brut (PIB) pour 2009. Elle devrait être “nettement plus mauvaise” que le recul de 2,25% pronostiqué jusque-là, a admis mercredi le ministre des Finances Peer Steinbrück.
Mais l’effet “prime à la casse” est provisoire, selon les économistes. “Le marché va ensuite totalement s’écrouler”, prévient M. Pieper. Les ventes pourraient chuter de 30% à “2,5 millions” de véhicules en 2010, calcule M. Schwope, qui prédit des licenciements l’an prochain dans l’automobile.
Les autres secteurs de l’économie pourraient même pâtir de l’engouement pour la voiture: selon certains économistes, il serait en partie responsable du recul des ventes de détails en février. La prime à la casse conduirait ainsi les Allemands à se serrer la ceinture sur d’autres produits, y compris de consommation courante.