ésident de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet (Photo : Dominique Faget) |
[01/04/2009 18:18:44] FRANCFORT, Allemagne (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) s’apprête à réduire jeudi son principal taux directeur à un nouveau niveau historique de 1% et pourrait aussi annoncer d’autres mesures un peu moins conventionnelles pour lutter contre la récession dans la zone euro.
L’écrasante majorité des économistes interrogés par l’agence Dow Jones Newswires prévoit une réduction d’un demi-point de ce taux, qui détermine les conditions du crédit dans la zone euro.
La dernière baisse remonte à un mois. Il s’agirait de la sixième depuis octobre, quand le taux plafonnait à 4,25%.
Il est vrai que le flot de mauvaises nouvelles et de prévisions catastrophiques ne se tarit pas. La confiance des chefs d’entreprise et des consommateurs européens a continué de chuter en mars à un nouveau plancher, le plus bas jamais enregistré, alimentant les craintes d’un rétablissement de l’économie plus tardif que prévu.
Mardi, la Banque mondiale a annoncé prévoir en 2009 une contraction de 1,7% du produit intérieur brut de l’ensemble des pays de la planète, la plus forte depuis la Grande Dépression ayant suivi la crise de 1929.
L’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) a parlé de son côté d’un monde en proie à une “hémorragie économique”, dans son dernier rapport publié le même jour.
Enfin, le taux d’inflation sur un an dans la zone euro a été divisé par deux en mars, à 0,6%, selon une estimation de l’office européen Eurostat, réveillant le spectre de la déflation, à savoir une baisse généralisée et durable des prix. Il devrait descendre à zéro voire être négatif cet été. En Espagne, il l’est déjà.
“Les risques de déflation sont dominants pour les mois à venir, car les capacités de production sont sous-utilisées, le chômage augmente et la croissance du crédit ralentit”, prévient Alexander Krüger, économiste à la banque Bankhaus-Lampe.
L’institution a donc de la marge pour abaisser son taux. Mais la majorité des économistes pensent qu’elle s’arrêtera à 1%, étant donné sa réticence maintes fois réaffirmée à pratiquer une politique de taux zéro à l’américaine ou à la japonaise.
C’est pourquoi le taux de la facilité de dépôt au jour le jour, celui auquel elle rémunère les dépôts des banques, devrait soit rester à 0,50%, soit être abaissé d’un quart de point seulement, donc moins que le taux principal, selon les experts.
Ce taux plancher a gagné en importance ces derniers mois, devenant une référence pour les taux interbancaires sur le marché monétaire. Les banques ont massivement augmenté leurs dépôts auprès de la BCE, préférant lui confier des capitaux destinés en temps normal à être prêtés à d’autres banques.
Autre mesure attendue jeudi, l’extension du délai à partir duquel les opérations de refinancement pratiquées par la BCE sur le marché monétaire arrivent à maturité. La limite est actuellement de 6 mois, elle pourrait être portée à 12 mois toujours dans le but de rétablir la confiance des banques sur leur approvisionnement en liquidités.
En revanche, les économistes n’attendent pas encore de mesures concrètes dites d'”assouplissement quantitatif”. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne financent directement l’économie réelle via l’achat de titres obligataires avec de la monnaie crée.
La BCE préfère pour le moment concentrer ses efforts sur les banques, car 70% des financements passent par leur entremise dans la zone euro contre moins de 30% aux Etats-Unis, a rappelé lundi le président de la BCE Jean-Claude Trichet devant le Parlement européen à Bruxelles.