ésident de la BCE Jean-Claude Trichet, le 5 mars 2009 à Francfort (Photo : Martin Oeser) |
[02/04/2009 05:03:29] FRANCFORT, Allemagne (AFP) Pressée d’agir contre la récession et les menaces renouvelées de déflation, la Banque centrale européenne (BCE) va selon les attentes abaisser jeudi son principal taux directeur à un niveau historique.
Le conseil des gouverneurs devrait réduire ce taux d’un demi point à 1%, lors de sa réunion mensuelle. Il s’agirait de la sixième baisse depuis octobre, quand il plafonnait encore à 4,25%.
L’inflation a été divisée par deux en mars en zone euro, à 0,6% sur un an selon un chiffre provisoire qui a relancé les craintes de déflation, c’est-à-dire d’une baisse durable et généralisée des prix.
Jusqu’à présent, les gardiens de l’euro ont tempéré les menaces d’une telle spirale à la baisse des prix. Mais le recul de 0,1% sur un an enregistré en Espagne, pays traditionnellement de forte consommation où les prix s’emballent plus facilement qu’en Allemagne par exemple, “devrait aussi avoir impressionné le conseil de la BCE”, juge Ulf Krauss, économiste à la Deka Bank.
La BCE est très réticente à pratiquer une politique de taux zéro à l’américaine, donc elle devrait s’arrêter à 1%, estime la majorité des économistes.
Le taux de la facilité de dépôts au jour le jour, auquel elle rémunère les dépôts des banques et qui est devenu ces derniers mois une référence pour les taux interbancaires, devrait d’ailleurs soit rester à 0,50%, soit être baissé d’un quart de point seulement, donc moins que le taux principal.
Mais face au spectre déflationniste et à une économie qui ne cesse de se dégrader, la BCE va probablement “recourir plus tôt que prévu jusqu’à présent à des mesures non conventionnelles”, estime M. Krauss.
La BCE “pourrait acheter des obligations du secteur privé et étendre la maturité de ses opérations de refinancement” pour rassurer les banques sur leur approvisionnement en “cash”, ajoute Cédric Thellier, de Natixis.
En achetant, avec de la monnaie créée, des obligations ou titres de créances d’entreprises, la BCE alimenterait directement l’économie réelle en liquidités qui se font rares en raison de la réticence des banques à prêter.
Reste à définir comment elle compte donner aux entreprises des seize pays de la zone euro les mêmes chances d’accéder à ses liquidités. Se pose aussi le problème des firmes, notamment PME, qui n’ont pas émis de tels titres de créance. Autre question délicate, souligne le quotidien financier Börse-Zeitung dans un éditorial mercredi: “Au cas où des émetteurs de ces obligations font faillite, qui supportera les pertes éventuelles et comment seront-elles réparties?”