Danone, un quasi centenaire inventif confronté aux marques de distributeurs

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ès d’un pot de yaourt géant, le 2 avril 2009 à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

[02/04/2009 16:52:58] PARIS (AFP) Danone fête ses 90 ans, une période émaillée d’inventions comme le yaourt brassé ou aux fruits, mais l’avenir s’annonce plus difficile pour le numéro un mondial des produits laitiers face à la concurrence des marques de distributeurs.

Lorsque Isaac Carasso crée Danone en 1919, il est le premier dans le monde à lancer la production industrielle du yaourt, fabriqué artisanalement depuis toujours dans les Balkans et au Moyen-Orient

Ces yoghourts ne sont d’abord distribués qu’en pharmacies, en Espagne puis en France. Une alliance avec Gervais permet à Danone de se développer en France, mais le groupe acquiert sa véritable dimension internationale en 1973, après la fusion avec BSN, un groupe agroalimentaire présidé par Antoine Riboud.

“Mon rêve a toujours été de faire de Danone une société internationale. L’association avec Antoine (Riboud) nous a permis d’aller plus vite”, a commenté jeudi Daniel Carasso, 103 ans, fils d’Isaac, qui continue de conseiller Franck Riboud, PDG du groupe.

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L’histoire de Danone

Les inventions comme le yaourt aux fruits, brassé ou les fromages frais allégés contribuent au développement de Danone.

Le lancement à partir de fin des années 1980 de laits fermentés comme Bio (devenu Activia), Danacol ou Actimel, lui permet, à grand renfort de publicité, d’accroître fortement ses ventes. Le chiffre d’affaires d’Actimel est ainsi passé de 200 millions d’euros en 2000 à 2,4 milliards en 2008.

Mais certains innovations connaissent un développement malheureux, comme récemment “Essensis”, un yaourt haut de gamme lancé en 2007 aux vertus prétendument cosmétiques dont le groupe vient d’arrêter la commercialisation en France, faute de public.

Le pack de six yaourts au prix de un euro lancé en septembre pour contrer la baisse de la consommation de produits ultra-frais “n’a pas eu les résultats escomptés” lui non plus, a aussi reconnu récemment Franck Riboud.

Le groupe agroalimentaire français, numéro un mondial des produits laitiers, ne réalise plus que 14% de son chiffre d’affaires dans l’Hexagone et souhaite accélérer son développement à l’international, en Asie, Afrique et Amérique du sud.

La chute de la consommation touche cependant de plein fouet le groupe, qui a vu son bénéfice net fondre de 68% en 2008 même si le chiffre d’affaires a augmenté de 8,4% à 15,2 milliards d’euros.

“La dernière chose à faire est de fermer des usines”, a souligné jeudi Franck Riboud.

Pas question pour autant de se lancer dans la production de marques de distributeurs (MDD), pourtant de plus en plus populaires auprès des consommateurs en raison de leurs prix attractifs.

Alors que des groupes comme Bonduelle ou Lesieur n’hésitent pas à fabriquer des surgelés ou huiles pour Casino, Carrefour et autres Auchan, Danone fait le choix risqué de se développer à travers sa marque propre.

M. Riboud mise sur “l’innovation et la force d’adaptation” de ses produits pour “répondre aux MDD de manière “efficace”.

“Si un groupe est leader sur un marché, il n’a pas besoin de faire des MDD. Cependant, ne pas en fabriquer est une équation difficile car les grandes marques perdent du chiffre d’affaires au profit des MDD”, indique Olivier Desforges, président de l’Institut de liaison et d’études des industries de consommation.

En France, 50% des produit vendus sont déjà des MDD (marques de distributeurs), contre moins de 30% il y a un an et 20% en 1996. On retrouve la même tendance ailleurs en Europe.