à Prague (Photo : Michal Cizek) |
[03/04/2009 09:27:39] PRAGUE (AFP) Le Luxembourg, la Suisse ou encore le Liechtenstein ont réagi de manière courroucée vendredi à leur inscription sur une liste “grise” de paradis fiscaux, dans le sillage de l’offensive du G20 contre ces places financières accusées d’avoir contribué à la crise mondiale.
“Je trouve le traitement qui est réservé à certains Etats un peu incompréhensible”, a déclaré le Premier ministre du Luxembourg Jean-Claude Juncker, à son arrivée à Prague à une réunion du forum des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) qu’il préside.
Il réagissait aux listes sur les paradis fiscaux publiées la veille, juste après le sommet des dirigeants du G20, par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Si le Luxembourg a échappé à la liste noire, il figure toutefois sur une liste dite “grise” de 38 pays, avec la Suisse, l’Autriche, la Belgique, le Liechtenstein, Monaco, les Bermudes ou les îles Caïmans. Selon l’organisation, ces Etats se sont certes engagés à respecter les critères internationaux en matière de transparence bancaire et fiscale mais ne les ont pas “substantiellement” appliqués.
Mais, au grand dam de certains Européens, la liste ne mentionne pas les territoires chinois de Hong Kong et Macao.
Lors du sommet du G20 de Londres le président américain Barack Obama a dû s’employer pour arracher un compromis entre la France et la Chine en vue de permettre un accord sur ces listes, exigées par Paris mais combattues par Pékin. La Chine redoutait que ne soient mentionnés Hong Kong et Macao et a manifestement obtenu gain de cause.
M. Juncker a également critiqué le fait que les Américains aient échappé à tout reproche.
Sur les listes de l’OCDE, “j’ai constaté que certains Etats des Etats-Unis n’y figurent pas”, a-t-il dit. Mardi à Bruxelles, devant le Parlement européen, M. Juncker avait nommément cité le Delaware, le Wyoming et le Nevada comme des paradis fiscaux, en raison de leurs fiscalités très faibles pour les entreprises.
La Suisse a “déploré” de son côté son inscription sur la liste de l’OCDE et “désapprouvé le procédé”. Les autorités du Liechtenstein ont indiqué pour leur part vendredi avoir désormais pour “objectif de ne plus figurer sur cette liste grise”.
Le Luxembourg, la Suisse, le Liechtenstein mais aussi l’Autriche et la Belgique, qui en Europe pratiquent encore le secret bancaire, ont tous fait des concessions juste avant le G20 en matière de transparence bancaire dans l’espoir d’éviter d’être mis au ban de la communauté internationale. Mais, à part la Belgique, sans renoncer totalement au secret bancaire.
Le ministre autrichien des Finances Josef Pröll s’est ainsi dit satisfait vendredi à Prague que son pays se retrouve sur une liste grise et pas noire. “C’est la preuve que nous avons fait un pas dans la bonne direction”, a-t-il dit, tout en assurant que le secret bancaire autrichien ne serait pas pas “affecté”.
Des propos en contradiction avec l’intention affichée jeudi par les dirigeants du G20. Dans leur communiqué final, ils ont en effet estimé que “l’ère du secret bancaire est terminée”.
Le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück a parlé de son côté de “gigantesque progrès” au G20. “On ne peut pas permettre que des contribuables allemands soient invités à placer des capitaux dans ces paradis fiscaux avec l’intention claire de nous tromper, vous et moi”, a-t-il dit.