La vente directe sur internet, pari gagnant d’une ferme en Auvergne

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épouse Josiane, producteurs de charcuterie auvergnate, le 30 mars 2009 au Coheix, commune de Mazaye (Photo : Thierry Zoccolan)

[03/04/2009 09:40:46] COHEIX (AFP) A Coheix, hameau perdu au coeur de l’Auvergne, un éleveur a fait le pari de vendre ses pâtés et cochonnailles directement sur internet, un projet précurseur dans cette région rurale du centre de la France, qui est la première à être reliée à 100% au haut débit.

Jean-Yves Guy, éleveur “depuis 25 ans”, a lancé en 2006 son site de vente en ligne, charcuterie-fermiere.com, profitant des premiers pas du haut débit dans cette région enclavée, qui y est entièrement reliée depuis mars.

Cet homme de 49 ans, père de trois enfants, faisait alors figure d’avant-gardiste, tandis qu’aujourd’hui, “c’est une tendance qui se généralise”, explique Gilles Auriel, responsable de France Télécom en Auvergne.

Au point que des producteurs auvergnats souhaitant vendre leurs produits en ligne ont créé en 2007 le site Goutzi.com. Ils se félicitent aujourd’hui de la “nette multiplication des ventes de produits du terroir par internet”.

Pour Jean-Yves Guy, internet est avant tout un moyen d'”assurer la pérennité de l’exploitation” familiale, dominée par la chaîne des Puys. En faisant un pied de nez à la grande distribution et à sa compression des prix aux producteurs.

“Nous nous sommes rendus compte qu’internet était un outil indispensable, on a pensé qu’on ne pouvait pas se passer de cette technologie-là”, explique celui qui s’est fait aider de son fils aîné, Jean-David, 24 ans, féru d’informatique, pour créer le site internet de l’exploitation.

Il est le premier surpris du succès de son idée, dans ce petit village isolé où il élève 700 porcs et 45 vaches allaitantes de race salers, ferrandaise et charolaise, qu’il présente avec fierté.

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épouse Josiane, producteurs de charcuterie auvergnate, le 30 mars 2009 au Coheix, commune de Mazaye (Photo : Thierry Zoccolan)

Les pâtés aux châtaignes ou aux noix, pâté de tête, saucisson et jambon fabriqués par l’éleveur sont ensuite expédiés par colis sous vide.

“On est en pleine phase de développement. En trois ans, on est passé de 0 à 10.000 euros par an de chiffre d’affaires. Et de 131 visiteurs par mois à 1.300 en mars”, explique-t-il, en faisant faire le tour de son exploitation.

“Nos clients sont contents de pouvoir acheter des produits issus directement de la ferme, dans des zones préservées”, explique le paysan.

Ses clients sont pour l’heure uniquement en France. “Mais pourquoi pas Londres, New York ou Varsovie!”, se prend-il à rêver, alors que son site n’est pour l’heure qu’en français.

“Si on commercialise nos produits par le circuit normal, les grandes surfaces ont tellement les moyens de faire baisser les prix des producteurs, qu’on ne gagne rien”, accuse le chef de famille.

“Il y a beaucoup d’exploitations endettées à cause de cette spéculation”, déplore-t-il, en faisant visiter le petit magasin aux étals appétissants installé dans la ferme familiale.

De 1992 à 2008, les prix du porc à la consommation ont augmenté de 16% à 26% alors que le prix du cochon payé au producteur a, lui, baissé de près de 30%.