Triodos, banque néerlandaise durable, résiste mieux que d’autres à la crise

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éoliennes dans le sud-est de l’Angleterre (Photo : Adrian Dennis)

[03/04/2009 11:10:51] ZEIST (AFP) La banque néerlandaise Triodos, qui investit dans les énergies renouvelables et le micro-crédit, continue de faire des bénéfices malgré la crise et a même attiré 25% de nouveaux clients en 2008.

Théâtres, cultivateur d’algues, foyer pour handicapés ou organismes de micro-crédit en Afghanistan ou au Pérou : la banque finance 9.300 projets chez des petites et moyennes entreprises ou des coopératives.

Avec 200.000 clients, 480 employés dont la moitié aux Pays-Bas et un capital émis de 200 millions d’euros, Triodos a réalisé en 2008 un bénéfice net en hausse de 13% à 10,1 millions d’euros.

“En octobre et novembre, au plus fort de la crise, on a eu une hausse du nombre de clients jamais vue avant”, affirme le directeur financier Pierre Aeby. Le nombre de clients de la banque a augmenté de 25% en 2008 par rapport à 2007.

“Il y a toujours un pas à franchir quand on change de banque car en général, on n’aime pas sa banque mais on lui est fidèle. La crise a été le catalyseur”, souligne-t-il.

Triodos, également présente en Belgique, Grande-Bretagne, Allemagne et en Espagne, propose, uniquement sur internet, des comptes courants, d’épargne et des investissements dans des fonds écologiques, culturels ou de micro-crédit.

La banque veut “mettre l’argent au service de la société, pas maximaliser les profits sans regarder l’utilité sociale de son activité”, assure M. Aeby, en critiquant “le grand casino” qui a mené la finance mondiale à la crise.

Il pointe du doigt “les produits financiers complexes sur lesquels on a perdu le contrôle” et vante les vertus de “l’économie réelle” : “l’usage de l’argent s’est détaché de son objet”.

Triodos, fondée en 1980 et dont le siège est à Zeist (centre), refuse d’investir dans “des fonds de fonds” qui ne sont “pas assez transparents”, précise M. Aeby.

La banque a co-financé la construction d’un parc d’éoliennes sur le plus grand barrage anti-tempêtes des Pays-Bas, la Oosterscheldekering.

Quand le projet a été lancé en 1989, “il était difficile de trouver des gens pour investir dans les énergies renouvelables mais Triodos a accepté de partager les risques”, se souvient le gestionnaire Karel de Dreu.

Les huit éoliennes ont été remplacées par des modèles plus performants en 2006, soit un nouvel investissement de 25 millions d’euros. Elles alimentent 24.000 foyers en électricité, hors chauffage. “Tout comme nous, Triodos montre que le développement durable est possible”, remarque fièrement M. de Dreu.

Tjakko de Boer, un informaticien de 42 ans, investit depuis six ans dans le fonds d’investissement dans les micro-crédits de Triodos et vient d’ouvrir des comptes d’épargne pour ses deux enfants.

“Je voulais stimuler les investissements dans les pays en développement”, explique-t-il. Triodos permet aussi de “mieux savoir comment mon argent est utilisé que chez une banque classique”, poursuit M. de Boer.

Selon lui, “les retours sur investissement sont en moyenne inférieurs de 1% par rapport à une banque classique” mais “leur risque est aussi plus acceptable”.

Il a eu une bonne surprise : le fonds de micro-crédits a rapporté 7,5% en 2008 alors que ses investissements dans d’autres banques ont été divisés par deux.