USA : l’économie continue de détruire des emplois en masse, le chômage bondit

[03/04/2009 18:08:41] WASHINGTON (AFP)

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ômeurs se présentent à des entretiens d’embauche dans une boutique American Apparel à New York, le 2 avril 2009 (Photo : Mario Tama)

Les mois se suivent et se ressemblent pour l’emploi aux Etats-Unis, où l’économie continue de détruire des postes en masse, sans perspective d’amélioration à moyen terme, alors que le chômage est déjà au plus haut depuis 25 ans.

Après quatre mois catastrophiques, la première économie mondiale a détruit encore 663.000 emplois en mars, selon les chiffres publiés vendredi par le département du Travail, ce qui a fait bondir le chômage de 0,4 point par rapport à février, à 8,5%, son plus haut niveau depuis 1983.

Le ministère relève que “depuis le début de la récession en décembre 2007, les pertes d’emploi ont atteint 5,1 millions, dont 3,3 millions ont eu lieu simplement au cours des cinq derniers mois”.

Par comparaison, le plan de relance promulgué en février par le président américain Barack Obama prévoit de sauver ou créer plus de 3,5 millions d’emplois sur deux ans.

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ômage aux Etats-Unis sur un an

Le chiffre des destructions d’emplois de mars est un peu supérieur aux prévisions des analystes, qui attendaient 658.000 suppressions d’emplois, après 651.000 en février et 741.000 en janvier, du jamais vu depuis 1948.

Sinistrée depuis plus de deux ans, l’industrie a encore perdu 305.000 emplois en mars, tandis que 358.000 postes étaient détruits dans le secteur des services, où travaille environ 85% de la main-d’oeuvre non agricole américaine.

Le seul secteur ayant créé des emplois est celui de l’éducation et des services de santé (8.000 postes).

Le chômage étant généralement un indicateur “retardé”, c’est-à-dire qu’il suit la conjoncture plus qu’il ne l’annonce, les chiffres de vendredi ne remettent pas totalement en cause les quelques lueurs d’espoirs suscités depuis trois semaines par quelques statistiques, comme celle ayant témoigné d’une résistance de la consommation des ménages.

“Néanmoins, fait remarquer Paul Ferley, de RBC Economics, il faudra que la faiblesse de l’emploi s’estompe afin de soutenir une croissance des dépenses de consommation jusqu’à la fin de l’année”.

C’est aussi ce qui inquiète Sal Guatieri, de BMO Capital Markets: “On espère que le chômage s’avérera une fois encore un indicateur retardé, mais l’éventualité qu’il ait des effets négatifs sur les marchés du logement et du crédit est inquiétante”.

Dans ses dernières prévisions publiées en février, la Réserve fédérale (Fed) tablait sur un chômage compris entre 8,5% et 8,8% en 2009, mais au rythme où vont les choses, plusieurs analystes estiment qu’on ne pourra éviter un chômage à deux chiffres en 2010, et certainement au-dessus de 9% cette année.

Le nombre des chômeurs aux Etats-Unis atteint désormais 13,2 millions, selon le décompte officiel du ministère. A cela s’ajoutent plus de 5,5 millions de personnes disant vouloir trouver un emploi mais non comptabilisées dans la population active pour diverses raisons. Et 9,3 millions de personnes sont contraintes de travailler à temps partiel contre leur gré du fait de la conjoncture économique, selon le ministère.

Pour Aaron Smith et Ryan Sweet, économistes de Moody’s Economy.com, la réponse des autorités de Washington à la crise “devrait mettre fin à la récession d’ici à la fin de l’année, mais la suite dépendra de la capacité de l’économie à cesser l’hémoragie de l’emploi”.

Sur ce point, l’économiste indépendant Joel Naroff est plutôt optimiste. D’après lui, les entreprises ont déjà fortement réduit leurs dépenses de personnel en prenant en compte la perspective d’une récession longue. Il s’attend toujours à un “fort ralentissement” des suppressions d’emplois au printemps ou à l’été.