Pour restaurer la confiance, le CAC 40 joue la carte “développement durable”

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Le logo de GDF Suez (Photo : Eric Piermont)

[06/04/2009 05:50:02] PARIS (AFP) Les entreprises du CAC 40 parient sur le développement durable et une abondante communication sur le sujet pour contribuer à restaurer la confiance des investisseurs comme du grand public, ébranlée par la crise.

“La crise se caractérise par une crise de confiance, surtout envers les banques” et, dans ce contexte, “les enjeux de développement durable pour une entreprise deviennent des enjeux stratégiques”, a expliqué Séverin Cabannes, directeur général délégué de la Société Générale, lors d’une conférence organisée dans le cadre de la semaine du développement durable.

Recrutement dans les banlieues à la Société Générale, création d’un comité éthique au conseil d’administration de GDF Suez, site de covoiturage en ligne pour les employés du Crédit Agricole: les entreprises multiplient les initiatives, sur tous les fronts.

Car le concept de “développement durable” ne prend pas seulement en compte l’environnement. Il intègre aussi des critères de gouvernance comme la rémunération des dirigeants et des objectifs sur la diversité au sein des sociétés.

“Les entreprises font des rapports sur le +bilan carbone+ de leur siège à La Défense et pas sur les immeubles qu’ils possèdent dans 130 autres pays”, nuance Anne-Catherine Husson-Traore, directrice générale de Novethic, filiale de la Caisse des Dépôts et centre de recherche sur le développement durable.

“Ces communications sont extrêmement positives” pour elles, mais se limitent à “un catalogue de micro-initiatives”, relève-t-elle.

“Il y a une distance certaine entre les discours et les pratiques”, renchérit Lisa Tassi, membre de la commission entreprise d’Amnesty France, qui travaille notamment sur le financement de l’armement par les entreprises et l’énergie.

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çais Crédit Agricole (Photo : Bertrand Guay)

Et s’il y a bien une loi “qui oblige les sociétés cotées à communiquer sur le développement durable”, elle ne définit pas de “périmètre” d’action et ne s’accompagne “pas de sanctions”, ajoute Anne-Catherine Husson-Traore.

L’article 116 de la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) “suppose d’améliorer l’information non financière” en précisant, dans le rapport d?activité annuel des sociétés, “la manière dont elles prennent en compte les conséquences sociales et environnementales de leurs activités”, selon le texte disponible sur le site du ministère de l’Ecologie.

Dans ces conditions, “l’information extra-financière reste hétérogène car il n’y a pas de grille d’évaluation reconnue”, admet Daniel Lebègue de l?Institut Français des Administrateurs.

Le développement durable dans les entreprises reste donc un terrain en construction. Mais avec la jeune génération, soucieuse de donner du sens à son travail, les entreprises vont devoir confirmer l’essai sous peine de se heurter à des difficultés de recrutement de nouvelles compétences.

Par exemple, “les jeunes ingénieurs ne veulent pas faire du pétrole”, note Anne-Catherine Husson-Traore.

“Aujourd’hui, la valeur morale conditionne le fait que les jeunes rentrent dans l’entreprise ou pas”, confirme Clara Gaymard, présidente de General Electric en Europe du Nord-Ouest.