Tel que présenté par M. Yassine Bou Selmi, directeur à l’ANGED,
le sort fait aux déchets industriels est alarmant à plus d’un titre, sachant
que, généralement, ils sont largués dans des dépotoirs dits sauvages ou, pis, en
pleine nature, ce qui ne peut qu’affecter sérieusement l’environnement.
Il va sans dire que cette situation s’explique, d’une part, par le
développement important du tissu industriel dans le pays et, partant, des
déchets émis ; et, d’autre part, par le caractère onéreux des investissements
que nécessitent les installations de traitement desdits déchets au sein des
entreprises. Selon une étude élaborée par l’Administration tunisienne dans ce
sens, le bilan des déchets dangereux émis s’élève à 136 mille tonnes par an, ce
qui en dit beaucoup sur la complexité que présente cette situation.
Aussi, rappelle-t-on l’arrêté du ministre de l’Environnement et du
Développement durable en date du 23 mars 2006 et ‘‘portant création d’une unité
de traitement des déchets dangereux et de centres de réception, de stockage et
de transfert’’.
Principaux émetteurs
Les secteurs responsables des plus importantes émissions de déchets
industriels sont les industries mécaniques et métallurgiques avec un record de
50%, suivies des industries chimiques avec 14%, des industries électriques,
électroniques et l’électro-ménager, des services d’automobiles avec 8%, et des
industries agroalimentaires avec 6%.
Projets et objectifs
Actuellement, des études sont élaborées pour l’exécution et la réalisation de
l’infrastructure indispensable ; il s’agit du centre de traitement des déchets
dangereux à Jradou avec une capacité de 90 mille tonnes par an ; du centre de
réception, de transfert et de stockage à Bizerte avec une capacité de 27 mille
tonnes par an ; du centre de réception , de transfert et de stockage à Sfax avec
une capacité de 16 mille tonnes par an ; et du centre de réception, de transfert
et de stockage à Gabès avec une capacité de 10 mille tonnes par an. La date de
démarrage des travaux est prévue au courant 2009, et la date de démarrage de
l’exploitation l’est vers la fin 2010.
Les objectifs de ce projet tendent à «traiter et éliminer les déchets
dangereux qui parviendront au Centre de Jradou et aux trois installations de
réception, de stockage et de transfert des déchets industriels (IRST), en
respectant les normes environnementales et la réglementation en vigueur en
matière de déchets dangereux ; et permettre aux différents
producteurs/détenteurs de déchets dangereux de faire face aux exigences
réglementaires en la matière, en mettant à leur disposition d’une infrastructure
adéquate pour l’élimination écologiquement rationnelle des déchets dangereux».
Le site de Jradou
«Situé à 2 km du village de Jradou et à 11 km de la ville de Bouficha, le
site de Jradou, un terrain relevant du domaine de l’Etat, est accessible par la
route reliant Bouficha à Zaghouan en passant par Jradou et Zriba. Il couvre une
superficie d’environ 50 ha avec une zone tampon de 40 ha».
Le laboratoire du site a pour tâches «l’analyse détaillée des échantillons et
la formulation de la recette de décontamination ; le prélèvement d’échantillons
et la détermination rapide des modes de traitement des déchets livrés ;
l’analyse de contrôle des déchets destinés au traitement physico-chimique ;
l’analyse de contrôle des effluents liquides ; et l’analyse de contrôle des
résidus de traitement».
L’ensemble de ces installations vont nécessiter 30 MD pour le centre de
traitement de Jradou, et 22 MD pour les trois IRST.
Coût de traitement à la charge de l’industriel
Les estimations des coûts de traitement à devoir supporter par l’industriel
se présentent comme suit :
La mise en décharge pourrait coûter 15 dinars la tonne (elle est de 90 à 250
équivalent dinar en Allemagne) ; la stabilisation/solidification reviendrait à
45 dinars la tonne (elle est de 215 équivalent dinar en France, et jusqu’à 180
en Allemagne) ; et le traitement physico-chimique le serait entre 25 et 60
dinars (il est jusqu’à 630 équivalent dinars en France, et jusqu’à 800
équivalent dinars en Allemagne).