Ukraine : la Banque mondiale tire la sonnette d’alarme pour 2009

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Logo de la Banque mondiale (Photo : Brendan Smialowski)

[07/04/2009 16:27:15] KIEV (AFP) L’Ukraine, lourdement affectée par la crise mondiale, verra son économie se contracter d’au moins 9% cette année, selon de nouvelles prévisions de la Banque mondiale, qui appelle les autorités à se mobiliser.

“Nous prévoyons que le PIB en Ukraine chutera de 9% en 2009”, a déclaré mardi Rouslan Piontkivski, économiste de la BM pour l’Ukraine, lors d’une conférence de presse.

“Mais nous voyons des risques d’une détérioration ultérieure de ces prévisions” si la conjoncture économique mondiale continue de s’aggraver, et si “les autorités ukrainiennes traînent dans la mise en oeuvre des principales mesures anticrise”, a-t-il averti.

Une des plus dynamiques dans sa région avec une croissance annuelle moyenne de 7% entre 2000 et 2007, l’économie de ce pays de 46 millions d’habitants, situé entre la Russie et l’Union européenne, dépend notamment de ses exportations de produits sidérurgiques et chimiques dont la demande a chuté avec la crise.

Nombre d’entreprises industrielles ont ainsi dû réduire, voire arrêter, leur production qui apportait jusqu’ici de généreuses recettes en dollars et euros.

Si une forte dévaluation de la monnaie nationale, qui a perdu plus de la moitié de sa valeur face au billet vert fin 2008, a un peu facilité la vie aux exportateurs, elle a en revanche porté un coup dur à la population, lourdement endettée en dollars, et au système bancaire.

La Banque a expliqué la révision à la baisse de ses prévisions par l’aggravation de la crise économique mondiale mais aussi par la situation intérieure en Ukraine où le pouvoir, englué dans des luttes d’influence, tarde à réagir face à la crise.

Anciens alliés de la Révolution orange pro-démocratique, le président Viktor Iouchtchenko et le Premier ministre Ioulia Timochenko sont depuis des mois en proie à des conflits incessants.

Le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, a appelé en mars les dirigeants ukrainiens à “reléguer au second plan leurs divergences” pour obtenir l’aide financière du Fonds monétaire international (FMI), suspendue depuis février.

“Pour faire face à la récession économique, ralentir la progression du chômage et créer une base pour une rapide reprise, l’Ukraine a besoin d’un programme anticrise global et conséquent”, souligne pour sa part la Banque dans un communiqué.

Ce plan doit prévoir une “mise en oeuvre adéquate et opportune d’une politique macroéconomique soutenue par le FMI”, dont une mission doit arriver à Kiev cette semaine, avec des investissements dans les infrastructures publiques et la protection des couches pauvres de la population, estime l’institution.

La recapitalisation du secteur bancaire et l’introduction de réformes structurelles visant à encourager les investissements sont aussi nécessaires, ajoute la Banque.

Si les autorités ukrainiennes se mobilisent, “nous pronostiquons une lente reprise (de la croissance) à +1% en 2010 suivie d’une accélération annuelle moyenne de 4 à 5% à partir de 2012”, a déclaré M. Piontkivski.

Le PIB ukrainien a dégringolé de 8% au quatrième trimestre 2008 pour s’établir en hausse de 2,1% sur l’ensemble de l’année.

Pour 2009, le gouvernement table officiellement sur une hausse du PIB de 0,4%, tandis que les experts ukrainiens pronostiquent une chute de jusqu’à 13%.

L’inflation, qui a atteint 22,3% l’an dernier, se ralentira à 16,4% cette année et à 10% en 2010, selon les prévisions de la BM.