Il y a une quinzaine d’années, le gros des querelles dans le
secteur du commerce pouvait se résumer aux joutes entre les grossistes et les
détaillants. Aujourd’hui, c’est presque avec nostalgie que l’on se rappelle de
cette période alors que nous sommes dans une situation de plus en plus complexe,
alimentée par l’homogénéisation dramatique de tous les marchés en un seul
creuset où la loyauté et même le droit sont souvent bafoués de la pire manière.
Dans sa dimension locale (à supposer que cela ait encore un sens), le
commerce est devenu complexe, suscitant des interrogations et mettant à rude
épreuve notre perception de l’économie. Offre, demande, équité, régulation… ont
de nouvelles définitions et de nouvelles revendications alors que les acteurs
n’ont pratiquement plus de frontières entre eux.
Les hypermarchés, nouveaux acteurs qui proposent les mêmes produits que les
grands magasins ou les plus petits détaillants du coin, ont détruit les
dernières cloisons qui existaient normalement entre détaillants et grossistes.
De nouveaux produits chamboulent tout. C’est l’exemple de tout ce qui touche à
l’informatique et aux télécoms. Chacun n’en fait qu’à sa tête et les victimes
sont très nombreuses. Des marchés supposés être, à l’origine, à peine tolérés
ont maintenant pignon sur rue. A Tunis, ce sont entre autres les ‘’marchés’’
Moncef Bey et Sidi Bou Mendil et toutes les villes, petites et grandes, ont les
leurs. La camelote qu’on y propose fait du mal à notre production locale mais on
a signé les accords de l’OMC, n’est-ce pas ?
Comment mettre de l’ordre dans tout cela ? Et le pouvons-nous ? Un projet de
loi sur le commerce de distribution semble dire que nous pouvons. Mais avez-vous
assisté à quelques épisodes de la Consultation nationale sur le développement du
secteur commercial ? Si oui, vous savez certainement de quoi nous parlons. Il y
eut beaucoup de bonne volonté de la part de tous les participants, où que la
Consultation se soit déroulée. Mais certains dilemmes sont d’un abord très
difficile et les solutions ne sont pas aisées.
L’étude stratégique sur le secteur du commerce nous mènera-t-elle plus loin ?
On ne peut en jurer car l’enjeu de créer un équilibre entre tous les acteurs du
secteur commercial est plus facile à dire qu’à faire.
Reste la modernisation. Et, paradoxalement, c’est peut-être là que nous
pouvons vraiment faire quelque chose, à condition de comprendre qu’il faut du
temps pour assainir les règles qui se résument actuellement à l’adage : Chacun
pour soi et Dieu pour tous !