Islande : la banque centrale baisse son taux directeur pour la deuxième fois

photo_1239194111766-1-1.jpg
à la Bourse de Reykjavik le 14 octobre 2008 (Photo : Pierre-Henry Deshayes)

[08/04/2009 12:38:15] REYKJAVIK (AFP) La banque centrale d’Islande a annoncé mercredi qu’elle abaissait de nouveau son principal taux directeur pour le porter à 15,5%, alors que l’île arctique a montré des signes d’amélioration de son économie après l’effondrement de son secteur financier à l’automne dernier.

“Le comité de politique monétaire a décidé d’abaisser le taux directeur de la banque centrale d’Islande de 150 points de base à 15,5%”, indique l’institut d’émission dans un bref communiqué, une décision attendue par les économistes des banques islandaises, qui anticipaient une baisse de 100 à 150 points.

“Les autres taux seront également réduits de la même façon”, précise la Sedlabanki, qui baisse ainsi ses taux pour la deuxième fois en un mois, après six mois de taux d’intérêts maintenus à un niveau record.

La banque est désormais dirigée par un Norvégien depuis le départ fin février du très controversé gouverneur David Oddsson, l’artisan de la dérégulation financière islandaise lorsqu’il était Premier ministre.

En octobre, au plus fort de la crise, la banque centrale avait augmenté son taux directeur de 6 points de pourcentage, à 18%, rendant les emprunts prohibitifs et accentuant le mécontentement des Islandais, qui ont pour beaucoup vu leurs économies partir en fumée en raison de l’effondrement des banques privées.

La banque centrale islandaise avait une première fois baissé ses taux à 17% le mois dernier, après des commentaires positifs du Fonds monétaire international sur l’amélioration de l’économie islandaise.

“Après sa réunion en mars, le comité monétaire a conclu que les conditions d’un assouplissement monétaire étaient réunies. Les développements économiques depuis le 19 mars ont été globalement en accord avec cette vision”, observe la banque centrale dans un second communiqué mercredi justifiant sa décision.

L’inflation, qui avait atteint un pic de 18,6% en rythme annuel, a ralenti à 15,2% en mars et devrait selon la banque centrale freiner brusquement jusqu’à 2,5% d’ici 2010.

“De nombreux et bons progrès ont été faits”, avait ainsi déclaré le 13 mars le directeur de la mission du FMI en Islande, Mark Flanagan.

En revanche, la couronne islandaise, qui avait stabilisé son cours par rapport à l’euro après avoir perdu près de la moitié de sa valeur à cause de la crise, a de nouveau reculé, à 168 couronnes pour un euro mercredi contre environ 146 le 19 mars.

Mais “la faiblesse de la couronne semble avoir été entraînée par des facteurs temporaires”, estime la banque centrale, qui exclut qu’elle soit liée à la baisse des taux.

L’Islande, île arctique de près de 320.000 habitants non membre de l’Union européenne, dont les actifs du secteur bancaire ont représenté jusqu’à 11 fois le PIB, a vu son économie terrassée par la crise financière mondiale à l’automne dernier.

En quelques jours, début octobre, le gouvernement avait été contraint de prendre le contrôle des trois premières banques du pays, à court de liquidités. Depuis, le chômage a été multiplié par cinq et le gouvernement a démissionné, remplacé par une coalition de gauche dans l’attente d’élections anticipées le 25 avril.

Avant la crise, l’île des geysers était l’un des pays les plus prospères de la planète, avec une croissance moyenne de 4% par an. Mais l’an passé, le PIB n’a progressé que de 0,3% et devrait se contracter de près de 10% cette année.