électronique japonais JVC, montrant des prototypes de téléviseurs mesurant 7 mm d’épaisseur (Photo : AFP) |
[08/04/2009 13:12:12] BERLIN (AFP) Qui mettra la main sur le marché de l’indium? L’industrie des écrans plats ou celle des panneaux solaires? La course aux métaux “hi tech” est lancée et elle fera des victimes économiques comme humaines, préviennent des chercheurs allemands.
La demande d’indium pour les écrans LCD mais aussi pour les panneaux solaires de dernière génération devrait représenter en 2030 trois fois la production actuelle. Celle du gallium, métal tendre convoité pour les ampoules à basse consommation (LED), près de six fois. Celle du néodyme, d’où dérivent des aimants équipant les voitures à moteur hybride, près de quatre fois.
Germanium, scandium, tantale, platine… au total, ce sont vingt-deux métaux “hi tech” que l’institut de prospective IZT a passé à la loupe, avec le centre de recherche Frauenhofer et à la demande du ministère de l’Economie.
“L’approvisionnement en métaux rares est un thème qui ne va plus nous lâcher”, affirme Rolf Kreibich, directeur scientifique de l’IZT.
L’avenir de certaines technologies est en jeu, alors que l’explosion des prix menace: “Pour l’indium, il y a concurrence entre les écrans plats et les panneaux solaires. Qui va gagner?”, se demande Volker Handke, l’un des auteurs de l’étude.
Il tranche: “Les fabricants d’écrans plats ont l’avantage, l’indium pèse beaucoup moins dans leurs coûts. Le développement à grande échelle de l’énergie solaire pourrait donc buter sur des pénuries.”
Pour beaucoup de ces métaux, recherchés par exemple pour leur flexibilité et leur résistance aux hautes températures ou à la corrosion, la production pourrait avoir du mal à suivre la demande.
L’immense majorité sont extraits des “déchets” résultant de l’exploitation de minerais classiques, et n’ont donc pas leurs propres mines: l’indium par exemple, se trouve en quantités infimes dans les gisements de zinc.
Difficile par ailleurs de recycler ces métaux, presque toujours utilisés en alliage avec d’autres, ce qui limite encore la quantité en circulation.
Il est problématique aussi d’estimer les besoins, par exemple lorsque ces métaux sont destinés à une industrie aussi discrète que celle de la défense.
L’approvisionnement risque également de se heurter à des monopoles: les gisements de nombreux métaux sont concentrés dans très peu de pays, souligne M. Kreibich, qui “voit en germe des conflits.”
La Chine domine 97% de la production mondiale du néodyme (voitures hybrides) et “a déjà mis la main sur des réserves d’autres métaux en Afrique”, assure le scientifique.
Autre exemple: les plus grandes réserves mondiales de lithium, indispensable au développement des batteries de voitures électriques, se trouvent en Bolivie.
Dans certains pays, la guerre pour ces métaux rarissimes a déjà commencé: l’accès aux réserves de coltan est considéré comme un enjeu majeur du sanglant conflit en République démocratique du Congo. Surnommé “l’or gris”, ce minerai contient le précieux tantale, utilisé notamment dans les téléphones portables,
Ce marché si disputé “est déjà aux prises avec la spéculation”, affirme M. Kreibich, même si les métaux précieux se négocient essentiellement dans des contrats de long terme entre entreprises, ne laissant pour l’instant que des miettes aux spéculateurs.
Pour renforcer la transparence du négoce de ces matières si convoitées, il appelle à la création d’une “agence mondiale ou au moins européenne” de régulation. Et d’ironiser: “Si le G20 (groupe des 20 premières puissances économiques mondiales) arrive à réguler quelque chose d’aussi virtuel que des marchés financiers, cela doit être possible pour du métal…”