Bruxelles présente l’addition du sauvetage des banques : 3.000 millards d’euros

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ésident de la Commission européenne José Manuel Barroso à Bruxelles le 8 avril 2009 (Photo : Dominique Faget)

[08/04/2009 13:56:04] BRUXELLES (AFP) 3.000 milliards d’euros: c’est le montant des aides publiques aux banques déjà autorisées dans l’UE, une facture faramineuse qui tranche avec les efforts modestes consentis pour la relance et pousse Bruxelles à exiger en contrepartie de sévères restructurations.

La Commission européenne a chiffré mercredi les aides au secteur financier auxquelles elle a donné son feu vert depuis le début de la crise. Elles pèsent environ 25% du Produit intérieur brut (PIB) de l’UE.

A titre de comparaison, pour les plans de relance face à la récession, les mesures engagées par les pays de l’UE sont évaluées à 400 milliards d’euros au total pour 2009 et 2010, soit 3,3% du PIB.

Et encore la moitié provient-elle de l’augmentation automatique en temps de crise des systèmes de protection sociale tels l’assurance-chômage. Les Etats-Unis ont appelé les Européens à mettre davantage d’argent sur la table, mais beaucoup de gouvernements rechignent à laisser filer leurs déficits.

L’impressionnante facture des aides au secteur financier européen est cependant en partie virtuelle: 2.300 milliards d’euros correspondent à des garanties et ne seront dépensés que si le bénéficiaire fait défaut.

Mais s’y ajoutent environ 300 milliards d’euros de bien réelles recapitalisations et 400 milliards d’aides au sauvetage ou à la restructuration.

Et l’addition pourrait encore grimper. La question des actifs douteux n’est toujours pas tranchée dans la plupart des pays, et la création de structures spéciales pour les accueillir, comme vient de l’annoncer l’Irlande, pourrait coûter cher.

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éenne à la Concurrence Neelie Kroes, le 8 décembre 2008 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

En attendant, plusieurs dossiers bancaires sont toujours sur le bureau de la commissaire néerlandaise à la Concurrence Neelie Kroes.

Critiquée pour son application jugée trop rigide voire dogmatique des règles de la concurrence, celle-ci avait fini par se montrer plus souple l’an dernier et par autoriser beaucoup d’aides d’urgence dans des délais relativement courts.

Mais après sept mois de crise, elle reprend l’offensive. “Il incombe désormais aux établissements financiers d’assainir leur bilan et de se restructurer pour garantir un avenir viable”, a-t-elle affirmé mercredi.

Mi-mars à Francfort, elle avait carrément averti qu’elle n’était “pas là pour faire plaisir” et que “des demi-solutions n’aideront pas”, évoquant la nécessité de “restructurer ou fermer des banques, afin que les survivantes aient de meilleures chances”.

Elle prévenait aussi que sauver une institution financière ne suffirait pas à justifier n’importe quelle fusion bancaire, disant n’avoir “aucun intérêt à autoriser la création de davantage de groupes ‘trop grands pour tomber'”.

Une allusion à l’argument de certains gouvernements pour voler au secours de grands groupes, bancaires ou même automobiles, au motif que leur chute fragiliserait toute l’économie.

La banque franco-allemande Dexia est notamment dans le collimateur de Neelie Kroes, qui a ouvert une enquête approfondie car elle doutait que sa “viabilité” soit assurée après le plan d’aide consenti l’an dernier par les gouvernements français, belge et luxembourgeois.

Le ton monte aussi entre Bruxelles et Berlin concernant la Commerzbank, déjà renflouée de quelque 8 milliards d’euros l’an dernier.

Le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, s’est impatienté samedi de la lenteur de Bruxelles à autoriser une rallonge de 10 milliards alors que la banque risque d'”approcher du dépôt de bilan”.

D’après la presse allemande, la Commission ferait pression pour que Commerzbank cède des pans entiers d’activité, notamment en Europe de l’Est. Bruxelles n’a pas voulu commenter, arguant de la confidentialité de ses discussions avec les autorités allemandes.