L’informatique traverse sa pire crise depuis 2001, les PC en première ligne

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écran d’ordinateur (Photo : Jean-Pierre Clatot)

[10/04/2009 09:58:50] PARIS (AFP) Après avoir longtemps cru qu’il résisterait à la crise, le secteur informatique a vu ces derniers mois ses ventes chuter comme jamais depuis 2001, avec en première ligne les PC traditionnels, beaucoup plus exposés que les logiciels et services.

Les perspectives pour 2009 ne sont guère favorables: les dépenses high-tech devraient baisser de près de 4% cette année dans le monde, un recul plus marqué que lors de l’éclatement de la bulle internet (-2,1%), selon les dernières prévisions du cabinet Gartner.

En quelques mois, près de 320.000 salariés ont été licenciés, d’après le blog technologique du journal Washington Post, TechCrunch, qui recense au jour le jour l’ensemble des suppressions d’emplois du secteur depuis fin août 2008.

Les plus touchés sont les fabricants de matériel (-14,9%), notamment d’ordinateurs, qui se voient confrontés au plus fort déclin de leur histoire.

“Les PC sont les premières victimes quand les dépenses sont réduites dans les entreprises”, souligne Ranjit Atwal, analyste de Gartner, notant que les consommateurs désertent aussi les rayons.

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é le 10 janvier 2009 à Las Vegas (Photo : Ethan Miller)

A rebours de ces sombres prévisions, Acer, troisième fabricant mondial, a dévoilé jeudi, lors d’une conférence de presse à Amsterdam, des objectifs ambitieux, tablant sur 20 à 25% de croissance en 2009, après 18% en 2008.

Pour expliquer ce dynamisme, le groupe met en avant sa forte présence dans les portables, en particulier dans les mini-PC à bas coût. Le taïwanais a conquis 43% de ce marché en pleine croissance en 2008, se plaçant devant son compatriote Asus.

“Quelqu’un comme Dell, très implanté dans les entreprises et les pays anglo-saxons, ressentira plus l’impact de la crise qu’Acer”, estime M. Atwal, qui s’attend à un bouleversement de la hiérarchie mondiale.

A l’image d’Acer, le leader mondial Hewlett-Packard (HP) voit dans le contexte économique “une formidable opportunité pour renforcer (ses) positions”, note Olivier Gillet, un des directeurs marketing de la filiale française.

Une conquête qui se fera aux dépens des constructeurs plus petits, comme le chinois Lenovo ou les japonais Nec et Fujitsu, déjà en difficulté. Quant aux acteurs positionnés sur le haut de gamme, tels que Sony et Apple, ils pourraient également pâtir de cette nouvelle donne.

Pour Thierry Petit, directeur général de Dell France, la crise est “encore plus violente que ce qu’on avait connu au début des années 2000, les donneurs d’ordre ayant suspendu leurs achats en quelques semaines”.

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à Hanovre (Allemagne) (Photo : Nigel Treblin)

Du côté des logiciels et services informatiques, le discours est plus serein. Les analystes prévoient une croissance nulle ou légèrement négative en 2009, mais pas de débâcle comparable à l’époque de la bulle internet.

Certes, les acteurs ne sont pas totalement épargnés, comme l’illustre la décision de l’américain Microsoft et l’allemand SAP de tailler dans leurs effectifs pour la première fois de leur histoire.

Mais, de l’avis des experts, la plupart sont bien mieux armés pour traverser cette crise que la précédente. Leurs atouts: la mise en place d’un modèle beaucoup plus industrialisé et la délocalisation massive dans les pays à bas coût, notamment en Inde.

L’informatique est en outre devenue une “composante fondamentale” de la vie des entreprises et des administrations qui ne peuvent pas différer les achats de logiciels autant que ceux de PC, selon une étude publiée jeudi par le cabinet Precepta.

Il existe donc à ses yeux de “solides moteurs structurels de croissance”, sans compter que la crise “conduira inéluctablement” à de nouvelles normes et réglementations, une aubaine pour les sociétés du secteur.