A l’issue du Sommet des 20 économies les plus riches de la planète, et les
recommandations formulées, le 2 avril 2009 à Londres, des spécialistes et
autres dirigeants africains semblent en être très satisfaits. La preuve,
l’organisation continentale, en l’occurrence l’Union africaine (UA), estime
que c’est à la suite des requêtes introduites par «la position commune de
l’Afrique» que le G20 a ‘’… décidé d’autoriser le Fonds monétaire
international (FMI) à vendre ses réserves d’or pour accroître son soutien
aux pays pauvres et de mettre en place un plan de relance du commerce
international pour soutenir les économies des pays du Sud fortement
dépendants de la demande extérieure’’.
Ainsi, les fonds récoltés grâce à la vente des réserves d’or vont s’ajouter
aux 1.100 milliards de dollars qui ont été décidés pour renflouer les
caisses des institutions de Bretton Woods. «La Communauté internationale se
dote d’un FMI à la taille de ses besoins, on donne au FMI les moyens
d’intervenir partout où c’est nécessaire», dira le directeur du FMI,
Dominique Strauss-Kahn. C’est donc en quelque sorte ce qu’il avait souhaité
lorsqu’il fut invité à l’émission de France2 ‘’A vous de juger’’ quelques
jours plus tôt.
La seconde requête du continent africain ‘’concernait la relance du commerce
international que la crise a frappé de plein fouet, avec des répercussions
socioéconomiques graves sur les économies des pays du Sud fortement
dépendants de la demande extérieure’’.
A priori, tout est parfait, mais a priori seulement, car à regarder de plus
près, les choses sont plus compliquées.
En effet, que vendent les pays africains, ceux du sud du Sahara ? Des
matières premières, essentiellement, à des prix qui sont fixés par les pays
développés ; et une fois transformées en produits finis, certaines
reviennent en Afrique sous forme de marchandises dont les prix sont fixés
non pas par les Africains mais par les pays occidentaux. Ce qui est logique.
Alors, on se demande comment l’Afrique est sortie ‘’gagnante’’ de ce sommet
de Londres, comme semblent le dire certains, d’autant plus que la vente des
matières premières n’ont pas encore permis aux Africains de sortir de son
sous-développement, et ce depuis bientôt 60 ans d’indépendance.
A notre avis, il aurait été plus judicieux de dégager deux fonds spéciaux,
un qui servirait au développement du commerce africain, un autre pour le
développement des infrastructures (y compris les usines de transformation)
du continent.
Car, on voit mal comment mettre en application les mesures annoncées par le
G20 ‘’pour doper les échanges et sauvegarder le développement dans les pays
à faible revenu’’ dont le montant est d’ailleurs de 50 milliards de dollars.
En fait, il est bien précisé qu’il s’agit de ‘’la relance du commerce
international’’, lequel commerce international a toujours été favorable aux
pays développés, ou presque, parce que les pays africains n’y participent
qu’à hauteur de 2 à 3%. Autant dire ce plan de relance sera essentiellement
avantageux pour les économies développées.
Conclusion : si le sommet du G20 a permis de jeter les bases d’une nouvelle
donne économique mondiale, l’Afrique n’en a pas tiré grand-chose. Sauf sur
un point, peut-être : si on parvient, un jour, à épurer les comptes des
Africains dans les pays dits paradis fiscaux. Sinon, Londres aura été un
sommet pour rien pour les Africains.