Informatique : le géant Satyam tombe dans l’escarcelle d’un conglomérat indien

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ésident de Tech Mahindra, le 13 avril 2009 à Bombay (Photo : Sajjad Hussain)

[13/04/2009 17:48:34] BOMBAY (AFP) La filiale informatique du conglomérat indien Mahindra and Mahindra a acheté lundi une part stratégique du géant Satyam, sauvant provisoirement cet ex-fleuron des logiciels trois mois après l’éclatement d’un scandale de fraude comptable d’un milliard de dollars.

Au terme d’un processus de vente aux enchères amorcé en mars, la société “Tech Mahindra a remporté l’offre (d’achat) à 58 roupies par action” pour une part de 31% de Satyam, a déclaré à l’AFP une porte-parole de Satyam, qualifiant l’opération de “nouvelle étape vers la stabilisation de l’entreprise”.

La vente d’une partie de l’ancien quatrième groupe indien d’infogérance implique pour l’acheteur d’acquérir 20% supplémentaires via une offre publique d’achat.

Des analystes évaluent à 29 milliards de roupies (580 millions de dollars) la somme que Tech Mahindra devra débourser pour prendre ces 51% de Satyam, basé à Hyderabad et coté à Bombay et à New York.

L’entreprise valait 7 milliards de dollars il y a un an, lorsqu’elle comptait encore 700 clients dans 70 pays, dont les géants Nestlé, General Electric ou General Motors.

L’acheteur, le groupe industriel Mahindra and Mahindra –spécialisé dans les infrastructures, les tracteurs et les voitures– a indiqué, par la voix de son patron Anand Mahindra, “changer de dimension” en se positionnant dorénavant sur l’outsourcing dans les télécommunications.

“Nous relevons le défi et allons réussir”, a-t-il assuré.

Sa filiale Tech Mahindra, basée à Pune (ouest) compte 23.000 salariés contre 48.000 pour Satyam.

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ésident de Satyam, B. Ramalinga Raju, le 17 octobre 2008 à Hyderabad (Inde) (Photo : Noah Seelam)

Celui-ci joue sa survie depuis la démission début janvier de son fondateur et président, B. Ramalinga Raju, qui a avoué une escroquerie de plus d’un milliard de dollars dans les comptes. Il avait révélé avoir falsifié les bilans et fait artificiellement gonfler les bénéfices sur plusieurs exercices.

L’homme est en prison et poursuivi en justice par la police criminelle depuis la semaine passée pour “fraude”, “tromperie” et “association de malfaiteurs” en compagnie de son frère et sept personnes, parmi lesquelles deux auditeurs du célèbre cabinet PriceWaterhouseCoopers.

Une nouvelle direction avait été nommée par le gouvernement pour redresser Satyam et en vendre la majorité du capital.

Il restait officiellement trois prétendants dans la course: la multinationale de l’ingénierie Larsen and Toubro, qui possède déjà 12% de Satyam, Tech Mahindra et le milliardaire américain Wilbur Ross, habitué à s’emparer de proies en difficulté.

Satyam “était dans de beaux draps. Nous avons éteint l’incendie et remis la société sur les rails”, s’est félicité le PDG de Satyam, Kiran Karnik, lors d’un point de presse.

Il s’agit surtout, a-t-il reconnu, “d’apaiser les craintes des actionnaires”, d’autant que Satyam fait face à une dizaine d’actions en justice aux Etats-Unis.

La déconfiture de ce champion de l’infogérance –secteur qui a fait la renommée internationale de l’Inde– a ébranlé le modèle capitaliste de la dixième puissance mondiale, qui craint que sa réputation auprès des investisseurs étrangers n’en soit durablement ternie.

Ce que des analystes surnomment le “Enron indien” est le plus grand scandale connu de l’histoire économique de l’Inde.