égoire se produit pour la première fois en public, le 15 avril 2009, lors d’un concert à Forges-les-Eaux. (Photo : Robert Francois) |
[16/04/2009 09:28:47] PARIS (AFP) Premier chanteur produit par les internautes à avoir séduit un large public, Grégoire passe du monde virtuel au réel avec sa tournée, qu’il voit comme une “concrétisation” du succès de l’album “Toi + Moi”, vendu à 400.000 exemplaires selon son label participatif, MyMajorCompany.
“Tout est encore assez abstrait, on me donne des chiffres mais ça ne reste que des chiffres. La tournée, c’est l’occasion de rencontrer réellement les gens en leur présentant mes chansons”, explique à l’AFP le chanteur, qui débute mercredi soir une série de 40 concerts.
Grégoire a émergé grâce au site MyMajorCompany, créé par quatre jeunes entrepreneurs, dont le fils du chanteur Jean-Jacques Goldman. Trois évoluaient déjà dans l’industrie du disque avec leur société de production et d’édition, Bamago.
MyMajorCompany propose aux internautes de financer l’enregistrement d’un album. Un total de 70.000 euros de dons est nécessaire et une partie des bénéfices des ventes est ensuite reversée aux internautes-producteurs.
“Toi + Moi”, paru en septembre, est la première sortie de MyMajorCompany, qui a largement communiqué sur son modèle participatif. Ce disque est devenu une vitrine flatteuse puisqu’il s’est écoulé à 400.000 exemplaires (ventes en gros aux magasins, soit quelque 340.000 achats par les consommateurs, selon le label).
Pour le distribuer, la structure a signé un contrat avec une major, Warner. La part de cette dernière sur les ventes en gros est fixée à “un chouia plus de 50%”, indique à l’AFP l’un des dirigeants de MyMajorCompany, Sevan Barsikian, sans dévoiler le montant exact.
Warner est par ailleurs intéressée à la tournée de Grégoire via la société de Jean-Claude Camus, qui la produit et que la major a rachetée en 2008.
égoire se produit pour la première fois en public, le 15 avril 2009, lors d’un concert à Forges-les-Eaux. (Photo : Robert Francois) |
Une fois déduite la marge de Warner sur la vente des disques, 50% de la somme restante vont à MyMajorCompany, 20% à l’artiste et 30% sont à partager entre les internautes-producteurs.
Le label affirme que 347 donateurs ont misé sur Grégoire pour des montants allant de 5 euros à 6.000 euros (20/30 euros en moyenne). Selon M. Barsikian, ils “se remboursent à 48.000 ventes”. “A 400.000 ventes, ils gagnent à peu près huit fois leur mise”, estime-t-il.
“Entre mi et fin avril, ils toucheront leur dû des trois premiers mois, soit 3,5 à 4 fois leur mise puisqu’à fin décembre on était à 250.000 ventes”, dit M. Barsikian.
Reste à savoir quel sera l’avenir de ce système, sur lequel sont basés d’autres sites, comme NoMajorMusik.
Selon MyMajorCompany, ses treize artistes ont tous été financés et de nouveaux seront proposés aux internautes en mai. Mais un succès commercial tel que celui de Grégoire ne sera pas aisé à reproduire.
“Les chiffres qu’on avance sont énormes, ce ne sera pas le cas tout le temps. Les internautes ne sont pas là nécessairement pour gagner de l’argent, mais pour vivre une aventure de producteur”, a jugé Anthony Marciano, un autre dirigeant du site, mardi lors d’un débat sur la musique en ligne.
MyMajorCompany a sorti fin mars un deuxième album, signé par une rappeuse, Agonie. “Il a connu un démarrage plus lent, 2.000 ventes aux consommateurs et 10.000 livraisons aux magasins, mais le hip hop est un genre plus segmentant”, commente M. Barsikian. Un troisième disque, celui d’une chanteuse nommée Joyce, est prévu pour septembre.
MyMajorCompany, dans le capital duquel est entré Stéphane Courbit, l’ex-président de la société audiovisuelle Endemol France, envisage maintenant d’ouvrir un site en Angleterre.