L’ouverture à la concurrence du rail français démarre au ralenti

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La gare de Montpellier, le 14 novembre 2007 (Photo : Pascal Guyot)

[16/04/2009 15:15:03] PARIS (AFP) La bataille du rail démarre doucement en France à moins d’un an de la fin du monopole de la SNCF en matière de trafic international de voyageurs avec l’entrée en lice discrète de la compagnie italienne Trenitalia alors que la Deutsche Bahn hésite à franchir le pas.

C’est à partir du 13 décembre 2009 que les concurrents de la SCNF pourront faire rouler des trains à leurs couleurs sur les lignes internationales en France, dans le cadre de la directive européenne de 2007 sur le rail.

Une petite “révolution”, selon Guillaume Pepy, président de la SNCF, qui fourbit ses armes face à ses futurs rivaux et cherche à accélérer la croissance de son activité en poussant ses pions sur la scène internationale.

Selon la Commission européenne, les consommateurs seront les premiers à bénéficier de l’ouverture à la concurrence, avec des tarifs en baisse et un nombre de trains et services en hausse.

Mais pour l’heure, les candidats sont rares: de source industrielle, seuls Trenitalia et un petit opérateur de fret européen ont déposé des demandes de créneaux horaires de circulation (sillons) pour 2010 auprès de Réseau ferré de France (RFF), gestionnaire des voies.

Cette frilosité est due aux nombreux obstacles techniques et bureaucratiques à franchir, mais aussi à la crise économique qui a freiné le trafic ferroviaire, selon les experts.

La date-butoir officielle a expiré lundi à minuit, même si des retardataires pourraient encore se manifester. RFF, qui garde jalousement le secret de l’identité des prétendants, doit s’assurer de la validité technique et juridique des dossiers avant de donner son feu vert.

Contacté par l’AFP, Trenitalia, qui plancherait sur la création de sa propre liaison Paris-Milan, n’a pas confirmé son appétit pour le réseau ferroviaire français.

Une candidature de la compagnie publique italienne est d’autant plus plausible qu’elle est la seule, excepté la Deutsche Bahn, à être techniquement en mesure de faire rouler ses trains sur le réseau français à grande vitesse.

En arrivant en France, Trenitalia roulerait ainsi à son tour sur les plate-bandes de la SNCF, alors que la Française s’était associée en décembre à la compagnie italienne privée NTV qui compte lancer en 2011 un train à grande vitesse en Italie.

Mais Trenitalia et la SNCF sont aussi partenaires, au sein de leur filiale commune Artésia, qui gère les liaisons Paris-Turin-Milan en service de jour et des trains de nuit vers Venise, Florence et Rome.

Si les Italiens semblent prêts à tenter l’aventure, la crise a quelque peu freiné les ambitions de la Deutsche Bahn, première rivale de la SNCF qui n’a jamais fait mystère de son intérêt pour le marché français.

L’InterCity Express (ICE), l’équivalent allemand du TGV, roule déjà en France, reliant Paris à Forbach, dans le cadre de la coopération entre la SNCF et DB sur les lignes Paris-Francfort et Paris-Stuttgart.

Mais les Allemands pourraient aussi être tentés de faire directement concurrence à la SNCF, dans un contexte de tensions récurrentes entre les deux géants du rail européen. La SNCF a ainsi accusé la DB de piratage d’un site internet interne, avant de se rétracter.

L’autre grande concurrente de la SNCF, Air France, est en embuscade. La compagnie aérienne compte en effet s’allier avec Veolia Transport pour créer un champion européen de la grande vitesse ferroviaire et faire rouler des trains en France. Mais le projet ne devrait pas voir le jour avant 2011.