Les indicateurs économiques toujours en berne dans la zone euro

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Logo de l’euro (Photo : Boris Roessler)

[16/04/2009 16:04:01] BRUXELLES (AFP) Une nouvelle chute record de la production industrielle en février augure d’une prolongation de la récession dans la zone euro, qui, ajouté au ralentissement rapide de l’inflation, devrait pousser la BCE à encore baisser ses taux, selon des économistes.

D’après des données publiées jeudi par l’Office européen des statistiques Eurostat, la production industrielle a baissé en février de 2,3% comparée au mois précédent, et de 18,4% comparée à février 2008.

Ce dernier chiffre est un record depuis 1990, selon Eurostat, qui a recalculé les données pour les années précédant la création de la zone euro en 1999.

L’office a en revanche revu ses données pour le mois de janvier, donnant désormais une baisse de la production de 2,4% sur un mois et de 16% sur un an. C’est moins mauvais que les -3,5% et -17,3% initialement annoncés.

“Ces chiffres valident l’idée que la récession industrielle a encore empiré au premier trimestre”, a commenté Marco Valli, économiste chez Unicredit.

Au total, “la production industrielle pourrait se réduire d’environ 7% au premier trimestre, dépassant le très fort déclin de 6,2% du quatrième trimestre” 2008, estime pour sa part Daniele Antonucci de Capital Economics.

Pour lui, “le rythme de contraction pourrait ralentir au deuxième semestre” 2009, “mais pas avant”. L’économiste juge même “de plus en plus optimiste” sa prévision, pourtant peu reluisante, d’un recul du PIB de 4% pour l’ensemble de cette année.

Ce pessimisme semble encouragé par les chiffres d’immatriculations pour le mois de mars publiés jeudi par l’Association des constructeurs automobile européens (ACEA).

Les ventes de voitures en Europe ont reculé pour le onzième mois consécutif, de 9% comparé à mars 2008.

La baisse est certes moins forte que celles, à deux chiffres, enregistrées les mois précédents, mais c’est dû notamment aux primes à la casse.

L’Allemagne, particulièrement généreuse, affiche ainsi un bond de 39,9% et en France les ventes augmentent de 8%. Mais les marchés britannique et italien plongent toujours de plus de 30%.

Parallèlement, l’inflation a été confirmée en mars à son plus bas niveau historique: 0,6% sur un an. Du jamais vu depuis la création de la zone euro et même depuis le début des séries statistiques pour cette zone, en 1996.

Après le pic historique de 4% enregistré l’été dernier, l’inflation a nettement décéléré ces derniers mois, dans le sillage du repli des prix pétroliers et du ralentissement de l’économie.

Plusieurs économistes n’excluent pas un passage en territoire négatif dans le courant de l’année, probablement à partir de juin. Mais “il y a un risque tangible que nous passions sous zéro dès le mois prochain”, selon Marco Valli, qui table sur un plus bas en juillet, avec un recul des prix de 0,5%.

L’inflation devrait repartir dans la deuxième moitié de l’année. Mais dans tous les cas, elle reste loin de l’objectif de la BCE, à savoir sur le moyen terme un niveau en dessous mais proche de 2%.

De quoi ouvrir la porte à une poursuite de la détente monétaire.

Le principal taux directeur de la BCE est actuellement à 1,25% et l’un des membres de son conseil des gouverneurs, l’Espagnol Miguel Angel Fernandez Ordoñez, a reconnu mercredi qu’il y avait “une marge pour continuer de le baisser”.

Un autre haut responsable de la banque, l’Allemand Axel Weber, s’est toutefois prononcé contre une baisse en dessous de 1%.