Lutte au couteau entre Boeing, Dassault et Saab pour séduire le Brésil

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ésident brésilien Luiz Inacio Lula da Silva (d) le 14 avril 2009 au LAAD à Rio de Janeiro (Photo : Vanderlei Almeida)

[17/04/2009 07:53:55] RIO DE JANEIRO (AFP) Au salon de l’armement de Rio, l’américain Boeing, le français Dassault et le suédois Saab se sont livrés une lutte feutrée mais féroce pour séduire les Brésiliens, à quelques mois de l’attribution d’un marché de plusieurs milliards de dollars.

C’est au Rio Centro, dans une lointaine banlieue de Rio, que s’est tenu jusqu’à vendredi le principal salon de défense et d’aéronautique d’Amérique latine, baptisé LAAD.

“C’est une visite obligée”, dit l’un des constructeurs, alors que le gouvernement brésilien doit choisir –en principe à la fin du mois d’août– entre le Rafale (Dassault Aviation), le Gripen NG (Saab) et le Super Hornet F/A-18 E/F (Boeing), trois avions de combat multi-rôles de dernière génération.

Au début du mois de juin, les trois avionneurs encore en lice présenteront leur dernière et meilleure offre, une nouvelle chance pour le Rafale après une série de déboires à l’exportation comme en Inde.

Dans le cadre de son programme F-X2, le Brésil veut acquérir 36 appareils, une commande qui pourrait monter à 120 d’ici à 2040. Ils doivent remplacer à partir de 2014 la cinquantaine de F-5 de l’américain Northrop et la douzaine de Mirage 2000 (Dassault) de l’armée de l’air brésilienne qui doit protéger un territoire presqu’aussi vaste que la moitié de l’Amérique du Sud.

Un vice-président de Gripen, Bob Kemp, a évalué le contrat “entre 2 et 3 milliards de dollars”.

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Le stand du Rafale au LAAD, le 14 avril 2009 (Photo : Vanderlei Almeida)

Les trois appareils ont en commun de posséder la technologie la plus avancée du moment mais ne se ressemblent pas: le Rafale et le Super Hornet sont des biréacteurs, plus performants et réputés plus fiables que le monoréacteur du Gripen.

Mais les Suédois mettent en avant sa flexibilité et son coût avantageux: “nous sommes moitié moins cher que la concurrence”, a affirmé à la presse Bob Kemp.

Selon une source proche du dossier, le Gripen a les faveurs des aviateurs brésiliens, mais “le choix du Brésil sera surtout une question politique”, a estimé récemment le directeur du site spécialisé Defesanet, Nelson During.

Plus qu’un avion de combat, le Brésil veut en effet acquérir la technologie et le savoir-faire pour construire à l’avenir son propre appareil de nouvelle génération.

Compensations commerciales et transferts de technologie sont ainsi les deux éléments clés de l’appel d’offres. Et de ce point de vue, le Rafale paraît bien placé en raison de la volonté de la France de proposer un très large partenariat, comme elle l’a fait récemment pour la vente d’hélicoptères et de sous-marins.

“On propose un véritable partenariat stratégique indépendant de tout pays tiers”, a déclaré à l’AFP J.P.H.P. Chabriol, vice-président pour les ventes militaires de Dassault Aviation, qui souligne que le Rafale “a déjà toutes les autorisations” d’exportation françaises.

Le Rafale échappe en effet aux restrictions des autorités américaines sur l’exportation de haute technologie, talon d’achille du Super Hornet mais aussi du Gripen dont l’avionique est en grande partie américaine.

Américains et Suédois se disent toutefois prêts eux-aussi à transférer des parties importantes de l’avionique. Le général Glen Spears, numéro 2 du Southern Command pour l’Amérique latine, a ainsi déclaré à la presse que “les Etats-Unis garantissaient le transfert de technologie”. “Le choix du F/A-18 est une décision peu risquée”, a-t-il affirmé.

Pour soutenir leur champion national, le ministre suédois de la Défense Sten Tolgfors et le secrétaire d’Etat français à la Défense Jean-Marie Bockel ont fait tous deux le long voyage de Rio.