Allemagne : les fournisseurs d’accès bloqueront les sites web pédophiles

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à Bonn, le 21 août 2008 (Photo : Henning Kaiser)

[17/04/2009 12:56:24] BERLIN (AFP) Les principaux fournisseurs d’accès à internet allemands se sont engagés vendredi à bloquer l’accès aux sites web pédopornographiques, en collaboration avec la police, a annoncé le ministère de la Famille.

Les fournisseurs Deutsche Telekom, Vodafone/Arcor, Alice, Kabel Deutschland et Telefonica/O2, représentant les trois quarts du marché allemand, ont signé un accord avec la police criminelle par lequel ils s’engagent volontairement à empêcher l’accès des internautes aux sites que leur signaleront les enquêteurs.

Concrètement, l’internaute qui tentera d’accéder à l’un de ces sites – y compris les pages hébergées à l’étranger – obtiendra un message d’erreur, mais son adresse IP ne sera pas communiquée aux autorités, a assuré le ministère.

La liste des sites interdits sera mise à jour quotidiennement par les enquêteurs. La mesure, inspirée de dispositifs similaires déjà en vigueur en Scandinavie, aux Pays-Bas, en Suisse, au Royaume-Uni ou au Canada, selon Berlin, doit être effective au plus tard dans six mois.

Grâce à ce dispositif, ceux qui mettent en ligne des images pédopornographiques “gagneront moins d’argent”, ce qui portera un coup à la “webcriminalité”, a assuré la ministre allemande de la Famille, Ursula von der Leyen.

En extrapolant à partir de statistiques norvégiennes – selon lesquelles ce dispositif empêcherait chaque jour 15.000 à 18.000 accès à des pages pédophiles -, la ministre a calculé que 300.000 à 450.000 accès illicites quotidiens pourraient être évités en Allemagne.

L’accord dégage les fournisseurs d’accès de toute responsabilité juridique en cas de contestation de ce blocage, a assuré le ministère, précisant que les professionnels n’étaient “responsables que des mesures techniques, pas du contenu”.

Mme von der Leyen a reconnu que les internautes chevronnés “trouveront toujours un moyen de contourner les blocages”. Mais pour la “grande masse” des utilisateurs ayant une maîtrise technique moyenne, l’accès sera “bloqué de manière efficace”, a-t-elle assuré.

Le chef de la police criminelle allemande, Jörg Ziercke, a estimé de son côté que seuls 15 à 20% des internautes tentés par des images pédophiles tenteraient de contourner le blocage. “La demande que nous pouvons stopper de cette manière est co-responsable des abus sur les enfants”, a-t-il rappelé.

Mme von der Leyen a précisé qu’elle comptait prochainement légiférer sur cette question, afin qu’à l’avenir le dispositif s’impose à l’ensemble des fournisseurs d’accès.

L’accord a été salué par l’Unicef comme “étape importante” qui doit cependant être suivie d’autres mesures pour lutter contre l’ensemble de la filière pédophile.

Il a revanche été vivement critiqué par le “Chaos computer club” (CCC), une association opposée à la censure sur internet. “Le système pourrait facilement être étendu et conduire à la censure de n’importe quel site web”, a dénoncé le CCC, dont des militants ont manifesté vendredi matin à Berlin en marge de la signature de l’accord.

“Chacun sait que les abus sur les enfants ne peuvent être combattus avec des listes secrètes” de sites interdits, a assuré l’association dans un communiqué.

La signature de cet accord survient alors que la police allemande a annoncé jeudi qu’elle avait identifié, au moyen d’un logiciel spécialisé, quelque 9.000 “internautes pédophiles” présumés dans le monde, dont un millier en Allemagne.