à Sydney, le 21 septembre 2008 (Photo : Torsten Blackwood) |
[19/04/2009 10:59:58] PARIS (AFP) Les compagnies aériennes, confrontées à la crise et à la baisse du trafic, demandent de plus en plus de reports de livraisons d’avions aux constructeurs, ce qui leur complique la tâche et pourrait notamment empêcher Airbus de tenir son objectif de livrer 18 A380 cette année.
L’australienne Qantas a annoncé mardi avoir demandé le report de la livraison de quatre gros porteurs Airbus A380 et de douze Boeing 737, dans le cadre d’un plan prévoyant des réductions d’investissements et des licenciements.
La China Southern Airlines demandait le lendemain l’aide de l’Etat après avoir enregistré une perte en 2008. La compagnie de Canton, qui a commandé cinq A380, souhaiterait aussi les recevoir plus tard que prévu.
Air France, qui attend toujours la livraison de deux A380 en 2009, dont son premier exemplaire en octobre, a indiqué en mars qu’elle avait demandé à Airbus le report de la livraison des sixième et septième des douze très gros porteurs qu’elle doit recevoir. L’indien Kingfisher avait déjà demandé le report de ses cinq A380 il y a quelques mois.
La liste pourrait encore s’allonger, car les compagnies aériennes font face actuellement à une chute drastique du trafic aérien. Le trafic passagers a dégringolé de 10,1% en février, après une baisse de 5,6% en janvier, selon les derniers chiffres de l’Association internationale du transport aérien (IATA).
Dans ce contexte, l’attitude prudente des compagnies aériennes n’est pas vraiment une surprise pour Airbus. Louis Gallois, le président exécutif de sa maison mère EADS, déclarait le mois dernier n’avoir pas trop d’inquiétude concernant les annulations de commandes à ce stade mais se disait plutôt “sous pression concernant les reports”.
Globalement, “le rythme des reports n’est pas affolant” à ce jour, tempère un analyste du CM-CIC, parce qu’ils représentent encore peu comparé aux carnets bien remplis des avionneurs: plus de 3.500 avions à construire chacun, représentant de nombreuses années d’activité.
Mais l’A380 semble se trouver en première ligne, juste au moment où Airbus doit assurer la délicate montée en cadence de sa production, avec 18 livraisons prévues cette année contre 12 l’an dernier. Et l’année a déjà mal commencé: pas un seul n’a été livré au premier trimestre.
Les compagnies, qui font le dos rond face à la crise et réduisent leurs investissements, n’ont pas forcément envie de débourser 330 millions de dollars pour cet appareil. Surtout que près de “80% du prix de l’avion est payé à la livraison”, rappelle une analyste du secteur.
Ensuite, elles ont plutôt tendance à réduire leurs capacités face à la baisse de la demande, en clouant des avions au sol, en supprimant des lignes ou encore en utilisant des avions plus petits.
Certaines compagnies, comme Emirates ou Singapore Airlines, ont aussi aménagé leurs A380 de manière à faire la part belle aux classes affaires et aux premières, qui sont justement désertées par les hommes d’affaires depuis que le crise économique a éclaté. Emirates va ainsi retirer l’avion géant de sa ligne Dubaï-New York.
Cependant, “la crise n’arrive peut-être pas au plus mauvais moment pour cet avion” complexe, dont l’industrialisation n’est pas encore pleinement stabilisée, reconnaît un responsable syndical d’Airbus, qui souhaite rester anonyme.
Dans une certaine mesure, les demandes de reports de livraison “arrangent Airbus, parce que ça nous permet de prendre un peu de temps et d’assurer la montée en cadence un peu plus tranquillement que ce à quoi on se préparait”, explique-t-il.