à Stuttgart (Photo : Sascha Schuermann) |
[20/04/2009 05:55:19] FRANCFORT (Allemagne), (AFP) Autrefois objets de méfiance, les fonds des Emirats arabes unis suscitent désormais de nombreux espoirs en Allemagne, où la crise fragilise les trésoreries des fleurons de l’industrie.
“Chevalier blanc”, possible “sauveur”, “ange gardien”, les qualificatifs en vogue dans certains journaux rivalisent dans la surenchère.
Il y a un an à peine, pourtant, les fonds souverains incarnaient encore les financiers rapaces. L’été dernier, le gouvernement allemand avait adopté une loi limitant les investissements de ces fonds dans des secteurs stratégiques.
Mais depuis, le plus riche des Emirats arabes unis, Abou Dhabi, a racheté une filiale du conglomérat MAN, est devenu le premier actionnaire du groupe automobile Daimler et a investi dans une usine de panneaux solaires.
Le fond arabe a même été pressenti pour investir dans Opel, filiale de l’américain au bord de la faillite General Motors. Une rumeur alimentée y compris par des responsables politiques.
“Cela a été démenti depuis. Cette histoire a été montée en épingle dans les médias”, affirme à l’AFP Helene Rang, membre du directoire de l’Association de l’amitié germano-émiratie.
“Abou Dhabi a de nombreuses participations dans des entreprises européennes et n’en fait jamais une discussion publique. On sait bien que les investisseurs du Golfe ont toujours une façon très prudente de procéder”, souligne-t-elle.
Il n’empêche, Opel ou pas, Abou Dhabi a récemment affiché son appétit pour les entreprises de la première économie européenne. “J’ai un avis très positif sur l’industrie allemande”, avait ainsi déclaré le mois dernier à Stuttgart (sud-ouest) Khadem Al Qubaisi, président d’Aabar, le fonds propriétaire de 9% de Daimler.
“Quand on parle de l’Allemagne dans le Golfe, on parle de bonnes entreprises, de bonnes technologies, d’un bon management”, avait-il ajouté.
Des propos bien accueillis dans le pays, où la récession pourrait atteindre -4% cette année. La chute des Bourses a fait fondre la valeur de nombreux géants allemands. Et la chute de l’activité combinée à la raréfaction du crédit a rendu leur trésorerie exsangue.
“Beaucoup de petits entrepreneurs qui n’obtiennent plus de crédits auprès des banques essaient de récupérer de l’argent arabe ou russe. Ce sont les seuls qui ont encore de l’argent”, affirme Heino Wiese, consultant spécialisé.
Conséquence: “Il va y avoir plus d’investissements directs, même si les managers des fonds n’ont pas été très heureux dans leurs investissements dans les institutions financières notamment aux Etats-Unis”, selon les experts de la Frankfurt School of Finance.
Les fonds veulent à la fois diversifier leur portefeuille en se tournant vers l’industrie et limiter leur exposition en dollar au profit de l’euro, rappellent-ils.
D’autant qu’au-delà des espoirs suscités par Abou Dhabi ou Dubaï, les Allemands peuvent se targuer de bonnes relations avec les Emirats, nouées notamment par l’ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder.
Celui-ci, reconverti dans les affaires, est un ami de la famille régnante d’Abou Dhabi. Il est aussi l’initiateur d’un partenariat signé en 2004 avec l’émirat sur les énergies renouvelables.
“Les fonds d’Etat arabes investissent partout en Europe, en France notamment. Mais il y a bien une particularité allemande: la bonne image du pays et ce partenariat”, conclut Hélène Rang. Une relation privilégiée que le ministre de l’Economie Karl-Theodor zu Guttenberg entend conforter lors de sa visite dans la région, du 9 au 11 mai.