Fortis : les opposants à l’alliance avec BNP proposent un plan B

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çais BNP Paribas et de la première banque de Belgique Fortis

[20/04/2009 17:38:37] BRUXELLES (AFP) Une semaine avant un vote crucial des actionnaires, les opposants au rachat de Fortis Banque par le groupe français BNP Paribas veulent rallier de nouveaux sympathisants avec un plan B présenté lundi et permettant à la première banque de Belgique de rester indépendante.

“Il y a un véritable sursaut qui est en train de naître pour affirmer que cela suffit de voir les fleurons belges partir sous le giron étranger, de voir des pans entiers de notre économie être démantelés. Beaucoup estiment que l’on a touché le fond de la piscine et qu’il faut maintenant remonter”, a commenté l’un des défenseurs du projet, l’avocat Mischaël Modrikamen.

Le cavalier seul a aussi reçu le soutien du cabinet de conseil aux actionnaires Deminor, qui n’avait jusqu’ici pas pris position.

“Nous avons aujourd’hui une véritable alternative crédible et fiable”, a estimé Deminor qui appelle désormais à voter contre l’alliance avec BNP “afin de permettre la mise en place de ce projet créateur de valeur pour les actionnaires, les employés de Fortis Banque et les citoyens belges”.

Le plan alternatif est aussi soutenu par l’association de consommateurs Test-Achats et l’Association de défense des actionnaires de Fortis (ADAF).

Le groupe Fortis, devenu Fortis Holding, était considéré comme un fleuron financier du Benelux jusqu’à son démantèlement l’an dernier à la suite de la crise financière.

Début octobre, les Pays-Bas ont nationalisé les activités néerlandaises de bancassurance. La Belgique a fait de même avec la filiale bancaire belge Fortis Banque, et comptait en revendre 75% à BNP.

Mais les actionnaires de Fortis Holding, qui s’estiment floués, ont voté contre ce démantèlement le 11 février. Ils voteront à nouveau sur un accord remanié avec BNP le 28 avril à Gand (Belgique) et le 29 à Utrecht (Pays-Bas). Si c’est encore “non”, BNP a menacé de se retirer.

Le plan B présenté lundi prévoit la reprise par Fortis Holding d’au moins 50% plus une action de Fortis Banque. L’Etat belge conserverait le reste, et recevrait aussi environ 30% du capital de Fortis Holding.

“L’idée est celle d’un désengagement, à terme, de l’Etat”, a commenté Me Modrikamen, cité par l’agence Belga, précisant que la holding aurait une option d’achat sur la part de Fortis Banque conservée initialement par l’Etat.

Une variante consisterait à intégrer à Fortis Banque les activités d’assurance belges et internationales détenues aujourd’hui par Fortis Holding. Là encore, la holding et l’Etat belge se partageraient le capital de la banque.

Dans tous les cas, Fortis Banque pourrait dégager 1,6 à 1,8 milliard d’euros de bénéfice net à horizon 2011 contre une perte de 20,6 milliards en 2008, tandis que l’action Fortis Holding retrouverait une valeur de 6 à 8 euros contre environ 1,50 euro aujourd’hui, selon les défenseurs de ce plan.

Concernant les effectifs, le plan prévoit 1.500 départs naturels sur trois ans, 1.000 départs en pré-retraite et la non-reconduction de 300 contrats à durée déterminée chez Fortis Banque. Mais les défenseurs du projet affirment que l’option BNP se traduirait par 5.000 départs.

“On a voulu nous présenter une Fortis banque moribonde qui ne pourrait pas survivre seule” alors que “la banque est tout-à-fait solvable et rentable”, assure Me Modrikamen.