Logiciels : Sun trouve son salut chez Oracle, qui fait la nique à IBM

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âtiments de son siège, à Redwood Shores, en Californie (Photo : Justin Sullivan)

[21/04/2009 05:32:54] NEW YORK (AFP) Sun Microsystems, le propriétaire en difficultés du langage de programmation Java, a finalement trouvé pour repreneur le prospère éditeur de logiciels Oracle, dédaignant les efforts concurrents d’IBM pour négocier son rachat à la baisse.

Cet accord “donne à Sun la bouée de sauvetage dont il avait désespérément besoin”, a souligné l’analyste Andrew Butler, chez Gartner.

Après un flirt révélé par la presse mais jamais publiquement admis, le groupe de Santa Clara avait en effet pris un risque en refusant ces dernières semaines une offre revue à la baisse du géant IBM, qui à l’origine avait offert entre 10 et 11 dollars par action.

C’était plus que les 9,50 dollars proposés par Oracle (contre un cours de clôture de 6,69 dollars vendredi), qui valorise l’inventeur du langage Java à 5,6 milliards de dollars hors dette, soit 7,4 milliards en incluant celle-ci.

Pour M. Butler, l’occasion saisie par Oracle n’est “pas vraiment une surprise”, dans la mesure où le groupe de Larry Ellison est l’un des plus florissants du pays, avec des réserves de liquidités qui en font l’un des principaux candidats aux grosses acquisitions. Fin février, Oracle disposait de 8,2 milliards de liquidités.

Selon la numéro deux du groupe et ancienne directrice financière Safra Catz, l’acquisition, qui doit être finalisée l’été prochain, sera rentable dès la première année, apportant un bénéfice d’exploitation de 1,5 puis 2 milliards de dollars annuels.

La transaction permettra à Oracle de prendre possession de deux technologies clefs de Sun, le langage de programmation informatique Java et le système d’exploitation Solaris.

“Le rachat de Sun va transformer l’industrie des technologies de l’information, en associant les meilleurs logiciels professionnels du marché et systèmes informatiques”, pour proposer “un système intégré dont tous les éléments seront adaptés les uns aux autres”, s’est félicité le PDG d’Oracle, Larry Ellison.

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ésentation et comparaison des deux groupes informatiques Oracle et Sun Microsystems

Le logiciel d’Oracle Fusion Middleware, qui enregistre une des meilleures croissances parmi ses produits, est basé sur le langage Java, tandis que le système Solaris est utilisé par les logiciels de base de données d’Oracle, le secteur phare du groupe.

Certains analystes applaudissaient lundi une “intégration verticale” qui permettra à Oracle d’offrir aux entreprises clientes une suite de services complète.

“Cette initiative correspond à l’objectif d’Oracle qui est d’acquérir des parts de marché dans les centres de données tout en affichant ses connectivités, et en travaillant à une offre plus intégrée de bout en bout, du logiciel à l’application”, soulignait Tom Ernst, de Deutsche Bank.

En revanche d’autres s’inquiétaient pour l’activité de matériels de Sun Microsystems, semblant moins bien s’intégrer à la culture d’Oracle.

“Notre point de vue sur cette acquisition n’est pas très positif”, notait Amitabh Goel chez First Global. “On ne sait pas comment Oracle va gérer un fabricant d’équipement”, a-t-il expliqué, évoquant aussi des “difficultés d’intégration” potentielles.

Chez IBM, qui ne cache pas sa volonté de profiter de cours déprimés pour réaliser des acquisitions stratégiques, le directeur financier Mark Loughridge s’est refusé à confirmer des négociations passées avec Sun.

Il s’est contenté lundi soir de crânement minimiser la concurrence représentée par ce nouveau géant du secteur. “Oracle et Sun étaient partenaires depuis 20 ans (…), c’est la même équipe que nous affrontions déjà sur le terrain et contre qui nous avons gagné” des parts de marché, a-t-il dit à l’occasion de la présentation des résultats du groupe.

“IBM peut bien hausser les épaules”, a déclaré M. Butler, “mais maintenant il faut qu’il réexamine sa stratégie”.

D’autant que l’acquisition de Sun risque de donner le signe du départ d’un vaste mouvement de consolidation, “où des sociétés indépendantes de matériels, de logiciels ou de services pourraient être la cible de sociétés plus grosses”, d’après M. Goel.