Boeing baisse ses prévisions après un bénéfice amputé de moitié au premier trimestre

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èle d’un Boeing 777-300ER au Salon de l’aéronautique de Singapour le 19 février 2008 (Photo : Roslan Rahman)

[22/04/2009 16:38:56] NEW YORK (AFP) Frappé par la crise du trafic aérien mondial, Boeing a présenté mercredi un bénéfice net divisé par deux au premier trimestre et a revu à la baisse ses prévisions de résultats pour l’ensemble de l’année.

“Nos résultats reflètent les difficultés auxquelles se heurte l’aviation commerciale, avec la récession profonde de l’économie au niveau mondial”, a expliqué le PDG Jim McNerney lors d’une conférence téléphonique.

Le constructeur aéronautique américain a fait état d’un bénéfice net de 610 millions de dollars sur le trimestre contre 1,2 milliard un an auparavant. Rapporté au nombre d’actions, son bénéfice tombe à 86 cents, soit nettement moins que les 91 cents attendus par les analystes financiers.

Cette chute n’est pas une surprise: Boeing avait annoncé en début de mois qu’il allait réduire les cadences de production sur trois modèles –777, 747-8 et 767– pour s’adapter à une demande en berne et à des annulations de commandes de clients. Ces mesures, bien qu’effectives à partir de juin, ont entraîné un manque à gagner de 38 cents par action au premier trimestre.

Le chiffre d’affaires n’a progressé que de 3%, à 16,5 milliards de dollars, freiné par des pressions à la baisse sur les prix exercées par les compagnies clientes. Le marché attendait 16,7 milliards de dollars.

Côté perspectives, Boeing a revu à la baisse son objectif de résultat, dans une fourchette de 4,70-5,00 dollars par action, contre 5,05-5,35 dollars visé en début d’année. Cela reste supérieur aux 4,57 dollars prévus par le marché.

L’objectif de chiffre d’affaires annuel a été maintenu à 68-69 milliards de dollars, supérieur aux 67,8 milliards attendus par Wall Street, et celui des livraisons d’avions civils confirmé à 480-485 unités.

Ces résultats des plus médiocres font suite à une année 2008 difficile pour Boeing, qui a souffert de deux mois de grève dure de ses ouvriers mécaniciens à l’automne et de nouvelles difficultés dans le développement de son nouvel avion de ligne 787, attendu depuis deux ans par ses clients.

La direction a martelé mercredi être dans les temps pour le 787, avec un premier vol d’essai ce trimestre et le début des livraisons au premier trimestre 2010. Ces nouvelles assurances ont calmé les inquiétudes du marché: l’action Boeing prenait 3,63% à 37,98 dollars vers 16H00 GMT.

Evoquant “une période sans précédent”, M. McNerney a reconnu que l’évolution des commandes dans l’aviation civile et la défense était “incertaine”, tout comme la capacité de ses clients à accéder à des financements.

Boeing dispose à ce propos de 1 milliard de dollars pour aider ses clients à financer leurs achats de nouveaux appareils.

Les commentaires pessimistes de Boeing reflètent la situation fragile des grands transporteurs aériens mondiaux: des Américains aux Chinois, en passant par les Européens, tous ont rapporté des pertes dernièrement et cherchent un salut dans la réduction de leurs capacités.

Après avoir crû à un rythme de 4,8% en moyenne par an ces 20 dernières années, le trafic aérien mondial est en fort retrait depuis le début de l’année: les derniers chiffres de l’IATA, l’association du secteur, font état d’un plongeon de 10,1% en février (sur un an) après -5,6% en janvier.

Le trafic de fret, reflet de l’effondrement du commerce mondial, est depuis plusieurs mois plus touché. Il a encore chuté de 22% en février.

“En dépit de cet environnement difficile, notre carnet de commandes reste fort”, a toutefois souligné Boeing: il représentait 339 milliards de dollars à fin mars, ce qui est en recul de 4% sur un an mais reste “cinq fois supérieur au chiffre d’affaires annuel”. Un ratio “impressionnant”, selon Gregori Volokhine, de Meeschaert New York.