Salon de l’automobile à Shanghaï : face à face entre Chinois et Américains

[23/04/2009 07:02:10] SHANGHAI (AFP)

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ésentation d’un véhicule de la marque chinoise Chery le 20 avril 2009 au salon de l’automobile de Shanghaï (Photo : Peter Parks)

Les géants automobiles américains, en proie a de très graves difficultés financières, sont présents cette semaine au salon de l’automobile de Shanghaï où ils tentent d’avancer leurs pions sur le marché chinois, le premier de la planète.

Ford Motor et General Motors, sous perfusion aux Etats-Unis, tablent sur la bonne tenue du marché chinois, qui a fait l’objet de nombreuses mesures fiscales préférentielles qui ont permis aux ventes de croître alors qu’elles s’effondraient dans les économies développées.

Pourtant, ils doivent de plus en plus compter avec les acteurs locaux et des marques comme Geely et Chery, qui, non contentes de les concurrencer en Chine, sont aujourd’hui avides d’internationalisation.

Le salon automobile international de Shanghaï qui se déroule jusqu’au 28 avril, devrait justement refléter cette compétition.

“Le ralentissement économique présente de réelles opportunités pour les constructeurs automobiles chinois”, souligne Klaus Paur, directeur du secteur pour la société d’études TNS Chine.

En dépit des bonnes ventes du premier trimestre, 45% des acheteurs potentiels ont différé leur projets automobiles en raison de la crise et un quart ont revu leur budget à la baisse, selon une étude TNS portant sur plus de 1.000 consommateurs en Chine.

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ésentation de la nouvelle Ford Fiesta le 20 avril 2009 au salon de l’automobile de Shanghaï (Photo : Peter Parks)

Autant de facteurs qui jouent en faveur des constructeurs locaux, estime M. Paur. “Ils peuvent profiter de cette prudence et se positionner comme une alternative intéressante aux marques étrangères”, dit-il.

En mars, les mesures fiscales en faveur de l’achat de petites cylindrées, ont aidé les ventes à atteindre 1,08 million de véhicules, un chiffre mensuel record.

Sur le premier trimestre, 2,64 millions de véhicules ont été vendus, une hausse de près de 6%, selon les statistiques officielles.

GM sa pour sa part également établi un record de ventes le mois dernier en Chine et annoncé son intention de doubler ses ventes annuelles pour les porter à 2 millions dans les 5 ans.

“Nous sommes assez bien placés pour obtenir une belle croissance en ce moment sans avoir à dépenser beaucoup”, déclarait la semaine dernière au Wall Street Journal Kevin Wale, le patron de GM China Group.

Ford poursuit également une stratégie d’expansion en Chine et promeut notamment ses petits modèles bénéficiant de mesures fiscales avantageuses.

Les constructeurs chinois tentent de leur rendre la monnaie de la pièce en prenant pied sur leurs marchés traditionnels.

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ésentation d’une voiture hybride de Toyota le 20 avril 2009 au salon de l’automobile de Shanghaï (Photo : Peter Parks)

Geely Automobile et Chery Automobile projettent ainsi de grandioses présentations de leurs premiers modèles de luxe: la “Emgrand” pour Geely, la “Riich G6” pour Chery.

“Il a fallu dix ans à Chery pour devenir une vraie marque internationale alors qu’il en a fallu 50 à Toyota et une centaine pour Mercedes-Benz”, s’est vanté Chery dans un communiqué publié vendredi.

L’affirmation peut sembler un brin hâtive et il semble que la Chine n’ait pas encore le ou les constructeurs d’envergure mondiale dont elle rêve.

Son industrie est encore très éparpillée, avec plus d’une centaine de constructeurs, dont de nombreux acteurs purement locaux sous la houlette des collectivités locales.

Ce n’est pas faute d’encouragement à se regrouper de la part du gouvernement central, qui récemment encore publiait un plan pour l’automobile prévoyant fusions et consolidations.

Mais les experts d’Alix Partners soulignent que tout cela fait “beaucoup de bruit et engendre peu d’actions”.

En outre, les sous-traitants — dont la santé reflète celle du secteur — semblent confrontés à de sérieuses difficultés. Plus de 40% disent craindre des problèmes de liquidités, certains redoutent même un effondrement, selon une étude d’Alix Partners.