Continental : interrogations autour d’un possible repreneur de Clairoix

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à Clairoix (Oise), le 12 mars 2009 (Photo : François Nascimbeni)

[23/04/2009 12:04:59] PARIS (AFP) Le gouvernement a fait état jeudi d’une offre “sérieuse” de reprise pour l’usine Continental de Clairoix (Oise), menacée de fermeture en 2010, mais selon le groupe allemand elle n’est qu’une “manifestation d’intérêt” d’une société de Dubaï qui ne fabrique pas de pneus.

Selon une source ministérielle, cette société, qui distribue des produits industriels et est “tenue par des financiers”, pourrait néanmoins reprendre la fabrication de pneus, car elle s’intéresse de plus en plus à la production.

Patrick Devedjian, ministre de la Relance, a annoncé jeudi sur France 2 disposer de cette “offre sérieuse”, mais en ajoutant que “le problème, c’est Continental”. “Continental – et c’est une vraie difficulté – ne souhaite pas qu’il y ait un repreneur”, selon lui.

Une affirmation aussitôt contestée par le groupe: “à chaque fois qu?une marque d?intérêt est reçue, Continental étudie la situation avec un sérieux absolu”, a déclaré à l’AFP Bernhard Trilken, vice-président chargé de la division “pneu, tourisme et camionnettes”.

Toutefois, Continental ne prévoit pas de recevoir d’offre d’un spécialiste de la fabrication de pneus “dans un contexte économique aussi difficile”.

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à Hanovre (Photo : Nigel Treblin)

L’appel de la société de Dubaï, intéressée par “la structure, les technologies, les compétences” des 1.120 salariés, remonte à “3-4 semaines” et “des échanges sont en cours”, a précisé un porte-parole de Continental. C’est la seule “manifestation d’intérêt” reçue jusqu’alors et “si le gouvernement français a reçu une autre offre, Continental n’en a pas été informé”.

“On n’en est pas au stade d’un projet, c’est très précoce”, a-t-il ajouté.

Le secrétaire d’Etat à l’Industrie Luc Chatel s’était également montré prudent mardi en évoquant une simple “hypothèse”.

Les responsables syndicaux de Continental-Clairoix ont aussi demandé de ne pas faire naître de “faux espoirs”.

“J’ai toujours cru à ce projet de reprise mais je ne voudrais pas que Devedjian donne de l’espoir pour rien, je trouverais cela criminel”, a jugé le secrétaire CFTC du comité d’entreprise, Antonio Da Costa.

Plus virulent, le délégué CGT Xavier Matthieu pense que le gouvernement met “de l’espoir dans la tête des gens et l’espoir se transforme en bouillie”. “Après ils s’étonnent qu’il y ait de la casse”, remarque-t-il, en référence au saccage de la sous-préfecture de Compiègne (Oise) mardi par des salariés en colère après une décision de justice les déboutant de leur demande de suspension ou annulation du plan social.

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à Cannes (Photo : Valéry Hache)

L’annonce du ministre de la Relance pourrait ne pas apaiser les salariés français, qui manifestaient dans la matinée à Hanovre aux côtés de leurs collègues allemands, dont l’usine du même groupe doit fermer.

Les syndicats rejoignent cependant le gouvernement dans l’idée que Continental ne voudrait pas et n’aurait pas intérêt à céder son activité. Il “ne veut pas d’un nouveau concurrent en Europe”, pour la CFTC, et “il n’y a que des locaux à vendre” car “le but de Continental, c’est de faire fabriquer moins cher mais pas de vendre” pour la CGT.

Au coeur de la question se trouve le sort des salariés. Si la fabrication de pneus est reprise totalement ou partiellement, alors les contrats de travail des salariés seront transférés automatiquement, ce qu’impose le code du Travail. Mais si seuls les murs sont cédés avec l’implantation d’une nouvelle activité, alors leur devenir est incertain.