à Londres (Photo : Carl de Souza) |
[23/04/2009 12:14:54] LONDRES (AFP) Le budget 2009/2010 du ministre britannique des Finances Alistair Darling est bâti sur des prévisions trop optimistes et une explosion sans précédent des déficits et de la dette, et lèguera un très lourd fardeau à ses successeurs, prévenaient jeudi les économistes et la presse.
Mercredi, le chancelier avait dévoilé ses plans au parlement sur un ton positif, en promettant le retour à la croissance à la fin de l’année : après une contraction de 3,5% en 2009, le Produit intérieur brut britannique devait rebondir de 1,25% l’an prochain, puis de 3,5% à partir de 2011, avait-il affirmé.
Mais, à peine quelques dizaines de minutes après son discours, le FMI annonçait des prévisions bien pires pour l’économie britannique, anticipant une contraction du PIB du 4,1% cette année, et de 0,4% encore l’année prochaine.
Sans forcément aller jusque-là, la grande majorité des économistes jugent les hypothèses du gouvernement trop élevées.
Dans une note intitulée “Apocalypse Now”, les analystes de la banque Standard Chartered se demandent ainsi comme le Royaume-Uni pourrait “réussir à dégager une croissance de 3,50% (à partir de 2011) dans un contexte de restriction budgétaire”.
Le budget présenté mercredi est une collection “de mauvais chiffres bâtis sur des fondations douteuses”, renchérit James Knightley, d’ING, expliquant que “les prévisions du gouvernement sont trop optimistes à plusieurs niveaux, et suggèrent que plus de tours de vis budgétaires et d’emprunts sont probables dans les années qui viennent”.
Alistair Darling a déjà programmé une hausse sans précédent du déficit budgétaire dans l’histoire du pays, avec des emprunts nets qui devraient passer de 90 milliards sur l’exercice 2008/2009 à 175 milliards sur l’année fiscale en cours et 173 milliards sur la suivante.
La dette publique va quant à elle gonfler de 40% environ lorsque Gordon Brown est devenu Premier ministre en 2007 à 79% en 2014, son niveau le plus élevé en temps de paix.
Résultat, pour réduire cette montagne de dettes, “le chancelier et son successeur quel qu’il soit devront annoncer des mesures d’austérité budgétaires plus rigoureuses”, si la reprise n’est aussi vigoureuse qu’il l’espère, estime Howard Archer, d’IHS Global Insight.
Michael Saunders, de Citigroup, va jusqu’à accuser M. Darling d’avoir ouvert un “trou noir budgétaire”, et pris le risque de précipiter le Royaume-Uni “dans une période prolongée de déficits très élevés, à moins de sérieuses restrictions budgétaires” qui incomberont au gouvernement issu des prochaines élections, qui se tiendront au plus tard en juin 2010.
Avec des perspectives aussi risquées, le nouveau surnom de la City pourrait bientôt devenir “Reykjavik sur Tamise”, ajoutaient les analystes du cabinet Currencies Direct.
La presse britannique a quant à elle tiré à boulets rouges sur ce budget et ses prévisions “ensoleillées”, le tabloïde Daily Mail faisant sa une sur “Alistair au pays des merveilles”, et le Telegraph titrant sur le “monde fantaisiste de Darling”.
Le relèvement du taux marginal d’imposition de 40 à 50%, qui entrera en vigueur en 2010, était particulièrement critiqué, plusieurs éditorialistes y voyant “l’arrêt de mort” du New Labour et de ses aspirations à séduire toutes les couches de la société.
Et même Larry Elliott, le rédacteur en chef économique du Guardian, le principal quotidien de gauche, voyait dans ce budget “un cadeau empoisonné pour le prochain gouvernement, quel que soit le parti qui le composera”.