à Moscou, le 24 octobre 2008 (Photo : Alexey Sazonov) |
[23/04/2009 14:35:49] MOSCOU (AFP) La Banque centrale de Russie (BCR) a salué jeudi le récent ralentissement de l’inflation et la stabilisation du rouble en abaissant pour la première fois depuis juin 2007 son principal taux d’intérêt d’un demi-point de pourcentage.
“A partir du 24 avril 2009, le taux de refinancement de la Banque centrale de Russie est fixé à 12,5%”, indique l’institution financière dans un communiqué. Il s’établissait à 13% depuis le 1er décembre 2008.
La BCR, qui avait abaissé ce taux pour la dernière fois en juin 2007, l’avait régulièrement remonté depuis début 2008 – prenant le contrepied de la plupart des autres pays touchés par la crise – en raison de l’emballement de l’inflation et pour décourager les gigantesques fuites de capitaux qui affectaient le pays.
Mais ces dernières semaines, plusieurs hauts responsables dont le maire de Moscou Iouri Loujkov avaient vivement critiqué les autorités pour leur politique monétaire, les accusant d’étrangler les entreprises et de les pousser à la faillite.
Mercredi, le Premier ministre Vladimir Poutine a fait remarquer publiquement au président de la BCR Sergueï Ignatiev que le récent ralentissement de l’inflation offrait des marges de manoeuvre pour abaisser les taux.
“J’attire votre attention sur le fait qu’en janvier de cette année, l’inflation s’est établie à 2,4%, en février déjà à 1,7%, en mars à 1,3%”, a-t-il déclaré, précisant que “selon les pronostics du ministère du Développement économique, l’inflation pourrait être de 1,1-1,2% en avril”.
“Cela signifie que l’on peut compter sur une baisse des taux de refinancement de la Banque centrale. N’est-ce-pas, Sergueï Mikhaïlovitch (Ignatiev, ndlr)?”, a-t-il questionné.
“Deux restrictions nous empêchaient de prendre une telle décision jusqu’à aujourd’hui: les craintes de dévaluation et d’inflation”, s’est justifié dans une interview à l’agence russe Interfax le vice-président de la BCR, Alexeï Oulioukaïev.
“On peut dire maintenant que ni les milieux économiques, ni la population ne s’attendent à une (nouvelle, ndlr) dévaluation” du rouble, a-t-il remarqué.
Concernant la hausse des prix, le responsable a indiqué qu’il y avait “des chances” qu’elle soit “nettement inférieure aux 13%” prévus officiellement pour 2009.
“Si nous voyons que l’inflation a tendance à baisser, nous sommes prêts à faire des pas supplémentaires dans la réduction des taux”, a encore indiqué M. Oulioukaïev.
Pour Roland Nash, analyste de la banque d’investissement Renaissance Capital, cet abaissement est “un ajustement logique”, dans un contexte de stabilisation de la monnaie russe depuis février, alors qu’elle avait dévissé d’un tiers face au dollar et à l’euro dans les mois précédents.
En début d’année, “la banque centrale a durci sa politique pour protéger le rouble. Maintenant que le rouble a trouvé du soutien, elle sent qu’elle peut baisser les taux d’intérêt”, a-t-il expliqué à l’AFP.
“La décision d’aujourd’hui montre d’abord que les mesures destinées à stabiliser la monnaie ont plutôt bien marché”, a commenté de son côté Chris Weafer, économiste de la banque d’investissement moscovite Uralsib.
Pour l’analyste, cette mesure est destinée à lancer un signal positif aux milieux économiques, en montrant que les autorités sont confiantes dans le rouble.
Toutefois, celles-ci “restent très prudentes. C’est la raison pour laquelle elles n’ont pas beaucoup réduit les taux d’intérêt”, a-t-il relevé.
“Il y a toujours cette épée de Damoclès menaçant l’économie, que sont les prix du pétrole”, principale source de devises du pays, a souligné l’économiste.