La Russie continue de broyer du noir et voit son PIB plonger

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écembre 2008 à Moscou (Photo : Dmitry Kostyukov)

[23/04/2009 16:37:45] MOSCOU (AFP) La Russie a reconnu jeudi que les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) d’une récession de 6% sur l’ensemble de l’année étaient plus “réalistes” que ses propres pronostics officiels, et a annoncé s’attendre à un plongeon de son PIB au premier semestre 2009.

“L’estimation du FMI est assez réaliste”, a déclaré le vice-ministre du Développement économique Andreï Klepatch, cité par les agences russes, sans pour autant vouloir s’engager sur des chiffres précis.

Le Fonds avait estimé, dans son rapport semestriel sur les perspectives économiques mondiales publié mercredi, que la croissance de la Russie reculerait en 2009 de 6%, avant de se reprendre de +0,5% en 2010.

Selon l’institution financière internationale, les pays de l’ex-bloc soviétique, et la Russie en particulier, vont devoir affronter en 2009 la plus importante récession de toutes les régions émergentes.

La zone a été durement affectée par “trois chocs majeurs: les turbulences financières qui ont nettement restreint l’accès aux financements extérieurs, l’effondrement de la demande des économies avancées, et en lien avec ceci la chute des cours des matières premières, notamment dans l’énergie”, a expliqué le FMI.

Officiellement, les autorités russes tablaient jusqu’à présent sur une baisse de 2,2% du PIB pour 2009. Mais mi-avril, le ministre des Finances Alexeï Koudrine avait déjà reconnu qu’il s’agissait d’une “prévision optimiste”.

Ces estimations ont été déjà revues plusieurs fois à la baisse: en janvier, le ministère du Développement économique avait annoncé tabler sur un recul de 0,2% du PIB en 2009 au lieu d’une hausse de 2,4% prévue précédemment, puis avait en février revu sa prévision à -2,2%.

Le vice-ministre a par ailleurs indiqué que le PIB avait plongé de 9,5% au premier trimestre 2009, bien au-delà des 7 à 8% qu’avait récemment évoqué son ministère dans un rapport. Au premier trimestre 2008, la croissance de la Russie avait connu une hausse record de 8,5%.

“C’est essentiellement lié au fait que l’on n’observe pas de reprise dans la construction”, a expliqué M. Klepatch, qui a indiqué que ce marché avait “reculé de 20%”.

Autre responsable de cette chute, le commerce de détail, qui a baissé de “1,1% au premier trimestre”.

“Par conséquent, nous nous retrouvons face à une baisse considérable du PIB, aussi bien du point de vue de la production que de la consommation”, a reconnu le vice-ministre.

Pour le deuxième trimestre, le gouvernement s’attend également à une chute sévère de son PIB, entre 8,7% et 10%, a-t-il encore pronostiqué. Au deuxième trimestre 2008, la croissance avait atteint 7,5%.

Malgré cela, le vice-ministre du Développement économique s’est voulu rassurant. “Nous espérons parvenir à améliorer (la situation de l’économie, ndlr) grâce aux mesures anti-crise”, a-t-il dit.

Début avril, le Premier ministre russe Vladimir Poutine, tout en avertissant ses concitoyens que 2009 serait “très difficile”, avait présenté un nouveau paquet de mesures destinées à lutter contre la crise – avec un déficit budgétaire de 3.000 milliards de roubles (66,9 mds d’euros, 7,4% du PIB).

Seule bonne nouvelle du jour, M. Klepatch a indiqué que les pronostics du prix du brut avaient été revus en légère hausse, à 45 dollars le baril de pétrole, contre 41 dollars jusqu’à présent.

L’économie russe, portée ces dernières années par l’envolée des cours des matières premières, a été frappée de plein fouet par la crise et la chute des prix du pétrole, principale source de devises du pays.