La semaine de la dernière chance pour Chrysler

[27/04/2009 05:47:56] NEW YORK (AFP)

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économique du président américain, le 9 avril 2009 à Washington (Photo : Chip Somodevilla)

A quatre jours de la fin d’un ultimatum fixé par l’administration Obama, la plus grande incertitude règne sur le sort du constructeur automobile Chrysler, qui n’a encore fait part d’aucun progrès pour éviter un dépôt de bilan dans ses négociations avec ses principaux partenaires.

Aucun bruit ne filtrait de Detroit (Michigan, nord) sur l’avancement des négociations avec créanciers et syndicats, non plus que de Turin, siège du constructeur italien Fiat, dont l’offre de partenariat apparaît comme la meilleure planche de salut pour Chrysler.

A Washington, la Maison Blanche s’est montrée sans conviction sur l’urgence d’éviter un dépôt de bilan.

“Nous avons l’espoir que les négociations qui se déroulent avec beaucoup d’énergie vont réussir”, a déclaré Lawrence Summers, le principal conseiller économique du président Barack Obama.

Pour autant, pas de signe tangible que la Maison Blanche veuille éviter que Chrysler dépose son bilan, une perspective de plus en plus crédible à mesure que les jours passent.

“L’accent n’est pas mis sur (l’évitement d’une procédure de faillite), en fait, parce que dans certaines circonstances une faillite n’est pas du tout une liquidation – il s’agit d’un changement de statut juridique qui protège la société et lui permet de fonctionner plus efficacement”, a précisé M. Summers.

Vendredi, le Trésor a accordé deux milliards de dollars supplémentaires au géant constructeur General Motors qui, comme Chrysler, n’a pu survivre depuis le début de l’année que grâce aux injections de fonds publics. Mais, il n’a rien donné à Chrysler.

Pourtant M. Obama avait indiqué que Chrysler pourrait obtenir jusqu’à 6 milliards de dollars d’aides supplémentaires, en plus des 4 milliards déjà accordés, si le groupe parvenait à conclure d’ici fin avril un accord lui donnant une chance de survie.

Un dépôt de bilan de Chrysler illustrerait un nouveau déclin des “trois géants” automobiles de Detroit, General Motors et Ford luttant également pour rester à flot face à un effondrement des ventes inédit depuis des années. Des informations de presse de plus en plus insistantes indiquent néanmoins que ce serait désormais le scénario privilégié.

Vendredi, un porte-parole de la société affirmait seulement que “Chrysler continuera à travailler jusqu’à la fin du mois (..) pour obtenir le soutien nécessaire des parties prenantes et arriver à un résultat que l’administration et le Trésor jugent acceptable”.

Selon Patrick O’Keefe, le dirigeant d’un cabinet spécialisé dans le redressement de sociétés industrielles, Fiat aimerait autant que la restructuration de Chrysler se déroule sous la direction d’un administrateur judiciaire.

Une fois que la société aura déposé son bilan, Fiat “pourra choisir les actifs qui l’intéressent”, explique M. O’Keefe.

L’administration a demandé aux créanciers, titulaires de quelque 6,9 milliards de dollars de dettes, de ne toucher que 22% des sommes qui leur sont dues, en prenant en complément 5% de Chrysler une fois restructuré.

Les dernières informations font état d’une offre des créanciers qui réduirait leurs crédits de 45%, à 3,75 milliards de dollars, mais les ferait monter à 40% du capital.

Quant au grand syndicat de l’automobile UAW, il est engagé dans d’épineuses discussions pour réduire le coût du travail.

Sur ce plan, l’accord obtenu vendredi soir par Chrysler avec le syndicat homologue canadien TCA, qui permettra d’économiser 240 millions de dollars par an s’il est ratifié par les adhérents, est de bon augure.

Il avait exigé été par Fiat et par le gouvernement canadien, qui a fixé le même ultimatum que l’administration américaine.