La Banque mondiale discute d’un consensus impossible sur le développement

[26/04/2009 21:27:07] WASHINGTON (AFP)

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ésident de la Banque mondiale, Robert Zoellick, le 26 avril 2009 à washington (Photo : Paul J. Richards)

La Banque mondiale, qui réunissait dimanche son Comité de développement, était à la recherche d’un consensus impossible sur la manière de s’attaquer aux problèmes humains découlant de la crise économique mondiale.

Ce Comité, “un forum de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international qui contribue à bâtir le consensus intergouvernemental sur les questions de développement”, devait élargir les débats sur la crise financière au sort des habitants les plus pauvres de la planète.

“Alors que les pays en développement sont confrontés aux défis de la crise économique mondiale, il est vital que les plans de relance du monde développé s’accompagnent d’un soutien à ceux qui ne peuvent solliciter des prêts chiffrés en milliards”, expliquait samedi le président de la Banque, Robert Zoellick.

Les deux institutions soeurs de Washington avaient en effet dressé vendredi le constat que la récession planétaire menaçait fortement les objectifs de développement, particulièrement en Afrique subsaharienne.

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Logo de la Banque mondiale (Photo : Brendan Smialowski)

“Je ne pense pas qu’on verra ce week-end des miracles, je ne m’attends pas à ce que des décisions soient prises. Mais j’espère que nous pourrons parvenir à une meilleure compréhension”, a affirmé dimanche le président de la Banque africaine de développement, le Rwandais Donald Kaberuka.

La Banque mondiale est déjà parvenue à plusieurs résultats à l’orée de ses réunions de printemps. Elle a annoncé ces derniers jours un triplement de ses investissements dans la protection sociale des pays en développement, et une augmentation de moitié de ses investissements dans les projets d’infrastructures et dans l’agriculture.

Mais les montants engagés et la volonté politique pour renforcer le rôle de la Banque n’atteignent pas les moyens massifs placés par les pays riches et émergents du G20 dans le FMI, qui a regagné une légitimité inattendue.

En témoigne le discours du secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, devant le Comité de développement dimanche.

Il a appelé la Banque mondiale à “continuer à explorer des approches flexibles, telles que les garanties (sur ses prêts, apportées par des partenaires extérieurs, ndlr), pour démultiplier le capital public et privé afin de répondre aux besoins du développement”. Une manière de dire qu’elle ne devait pas compter sur le seul financement par ses Etats membres.

Du côté des pays émergents, les critiques traditionnelles contre la Banque restaient vives.

Les ministres des Finances du G24, un groupe de pays émergents d’Afrique, Amérique latine et Asie, ont ainsi appelé à “faire en sorte que la Banque mondiale ait la capacité de répondre de manière adéquate à la crise, et de maintenir à long terme sa capacité de prêts”. Le G24 souhaite aussi “une plus grande décentralisation du processus de décision”, étroitement contrôlé par les pays riches.

La représentation des principaux clients de la Banque paraît en effet toujours insatisfaisante, malgré la création en février d’un 25e siège au conseil d’administration, attribué à l’Afrique subsaharienne.

“La crédibilité des réformes des institutions financières internationales repose au final sur la façon dont ces institutions modernisent leurs structures de gouvernement”, reconnaissait ainsi devant le Comité la ministre allemande du Développement, Heidemarie Wieczorek-Zeul.

Les organisations non gouvernementales considéraient déjà dimanche les réunions de printemps comme “une occasion manquée pour les pays pauvres”, selon les termes d’Oxfam.