Chômage : inscrits encore en forte hausse en mars, pas d’embellie avant 2010

[27/04/2009 15:05:41] PARIS (AFP)

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éléphone à un conseiller dans une agence Assedic, le 2 décembre 2008 à Marseille. (Photo : Gérard Julien)

Le nombre de Français pointant au chômage a encore fortement progressé en mars (+60 à 70.000), selon un chiffre divulgué lundi par le gouvernement qui prépare les esprits à ne pas voir le bout du tunnel en matière d’emploi avant la fin de l’année 2010.

Anticipant la publication à 18h00 du nombre d’inscrits à Pôle emploi, la ministre de l’Economie et de l’Emploi Christine Lagarde a situé “le nombre de demandeurs d’emplois supplémentaires en mars entre 60.000 et 70.000”, dans une interview au Figaro, RTL avançant le chiffre de 62.000 sans citer de source.

Cette hausse porterait à près de 250.000 le nombre de chômeurs supplémentaires inscrits en catégorie A depuis janvier, et près d’un demi-million de plus depuis le brutal retournement du marché du travail en août 2008.

Fin février, la hausse mensuelle avait été de 79.900 personnes (hors départements d’outre-mer, DOM) pour arriver à 2,38 millions de personnes à la recherche d’un emploi et n’ayant pas travaillé dans le mois (catégorie A, +19% sur un an), dont 434.000 moins de 25 ans (+32%). Avec les DOM, la catégorie A atteignait 2,64 millions de personnes.

En incluant les personnes exerçant une activité réduite, souvent précaire, pour garder un pied dans le monde du travail (catégories A, B, C), le nombre de chômeurs était grimpé à 3,4 millions (+10,4% en un an, 3,6 millions DOM inclus).

Qualifié de “pas catastrophique” mais “pas bon non plus” par Mme Lagarde, le chiffre de mars correspond au ralentissement observé de l’activité et de l’embauche.

Avec un recul du PIB de -2,5% en 2009 jugé désormais “probable” par le gouvernement, la baisse des intentions d’embauche hors intérim (-8,8% sur un an) s’est accentuée au premier trimestre y compris pour les contrats de moins d’un mois, selon des statistiques issues des Urssaf.

Même les cadres, plus à l’abri de l’intérim, mais dont l’embauche est fortement corrélée au niveau des investissements, sont touchés.

Cette évolution revêt néanmoins un caractère inconnu par sa brutalité selon la vice-présidente de l’assurance-chômage Annie Thomas (CFDT) qui y voit un effet de l’explosion des contrats courts depuis les années 80 (intérim, CDD).

Le CDI (seulement 20% des embauches ces dernières années) n’est pas la protection absolue, mais peut dans certains cas amortir le choc, avec par exemple la possibilité de placer les salariés en chômage partiel.

L’ampleur des inscriptions au chômage peut aussi être interprétée, malgré les “petits signaux de stabilisation de la récession” que veut voir le gouvernement en écho au G7, comme le signe d’une profonde mutation économique qui rend difficile de savoir quels emplois seront recréés après la crise.

Selon Laurence Parisot (Medef), “nous avons à faire à quelque chose de pas seulement conjoncturel, mais de structurel, une rupture qui va énormément modifier les choses (…)” et “il faut intégrer l’idée qu’on ne retrouvera (…) la capacité à créer des emplois que si nous sommes capables d’inventer de nouveaux secteurs d’activité”.

Crise cyclique ou crise du modèle, Mme Lagarde prévient en tout cas qu'”il ne faut pas attendre une embellie du chômage immédiatement en même temps que la reprise”.

“Il va falloir être un peu patient”, a-t-elle dit dimanche sur Europe 1, précisant au Figaro que “les experts évaluent à quatre trimestres le décalage entre la reprise d’une économie (attendue dans le meilleur des cas d’ici la fin de l’année 2009, ndlr) et la reprise de l’emploi”.