Tunisie : La compensation industrielle a ses défenseurs

Les accords offset ou plus simplement les compensations
industrielles, une démarche qui se fonde sur une obligation faite à
l’exportateur d’investir ou de trouver des investisseurs au profit des pays
acheteurs, ont trouvé, lors du récent forum économique franco-tunisien, de
farouches défenseurs en les personnes de MM. Afif Chelbi, ministre de
l’Industrie, de l’Energie et des Pme, et Luc Chatel, secrétaire français à
l’Industrie et à la Consommation (24 avril 2009).

L’option de la Tunisie pour l’offset, depuis les années 80, présente
l’avantage de lui permettre d’améliorer ses capacités technologiques et de
s’associer à la production du bien qu’elle achètera. Elle se traduit par des
opérations de coproduction, de sous-traitance et de transferts de
technologie.

Les offsets concernent généralement de grands groupes industriels issus de
secteurs à haute valeur ajoutée technologique (aéronautique, armement, …)
et s’appliquent à des échanges dont les montants sont élevés.

Pour M. Chelbi, qui a préféré utiliser «la politique de contrepartie
industrielle», pour ne pas utiliser, selon lui, le mot en principe proscrit
de compensation, l’offset constitue une composante déterminante du
partenariat gagnant-gagnant tuniso-français et «une opportunité
structurelle» dont il faudrait optimiser l’exploitation, en cette période de
crise.

Le ministre a cité trois secteurs dans lesquels l’offset a fait ses preuves
en Tunisie : l’automobile, l’aéronautique et les Technologies de
l’information et de la communication (TIC).

L’automobile d’abord: «Si, contrairement à la plupart des pays en
développement, a-t-il-dit, le parc automobile tunisien est quasi
exclusivement européen et non asiatique, cela est dû non seulement à la
compétitivité de l’industrie européenne mais également au choix volontariste
du gouvernement tunisien de compenser ses achats de véhicules européens, par
la fabrication en Tunisie de composants automobiles».

De même, dans l’aéronautique, a-t-il-ajouté, la commande de 19 Airbus par le
transporteur public Tunisair s’est accompagnée d’une contrepartie : la
réalisation d’un projet industriel aéronautique : le projet phare d’Aerolia
en contrepartie de contrats à long terme d’achat d’Airbus. Ce projet se
concrétisera par un transfert de technologies dans la fabrication de
composants aéronautiques et la création de 2000 emplois.

Pour mémoire, seuls les Etats-Unis et la Chine avaient obtenu jusque-là de
telles contreparties d’Airbus à l’occasion de grosses commandes.

L’autre facteur qui a joué en faveur du succès de la contrepartie
industrielle, la montée en gamme de la filière innovation en Tunisie
laquelle a incité des groupes industriels implantés en Tunisie à lancer, en
parallèle de leurs unités industrielles, des bureaux d’ingénierie et de
conception. C’est le cas de sociétés françaises comme Sagem, Telnet, Actia,
ST Microelectrique et d’autres.

M. Luc Chatel s’est prononcé également pour l’éradication des clichés
ressassés par les Français à propos des implantations dans le sud de la
Méditerranée, longtemps perçu à tort en tant qu’«asile pour les entreprises
françaises».

«La Méditerranée constitue de nos jours, a-t-il précisé, un réservoir de
croissance pour la zone euromed et pour l’émergence d’une nouvelle
compétitivité de l’offre industrielle régionale, et ce par rapport à celle
des autres groupements régionaux».