Les banques accordent à Thomson jusqu’à mi-juin pour régler sa dette record

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[28/04/2009 05:24:01] PARIS (AFP) Le groupe français de technologies pour les médias Thomson, en grande difficulté, a annoncé lundi soir avoir obtenu de ses créanciers, qui pouvaient demander cette semaine le remboursement de sa dette de 2,9 milliards d’euros, un sursis jusqu’à mi-juin.

“Nous sommes arrivés à un accord avec nos prêteurs pour un moratoire jusqu’au 16 juin”, date de l’assemblée générale, ce qui “nous donne un mois et demi pour trouver une solution viable”, a déclaré lors d’une conférence téléphonique Frédéric Rose, arrivé en septembre et nommé PDG lundi.

L’ancien groupe d’électronique grand public, dont la dette brute s’élève à 2,9 milliards d’euros, avait annoncé fin janvier qu’il ne serait pas en mesure de respecter ses engagements bancaires, une fois ses comptes 2008 audités d’ici fin avril.

Ses créanciers – “une vingtaine de banques et une trentaine de prêteurs opbligatoires”, selon M. Rose – étaient donc en droit d’exiger le remboursement de l’ensemble de la dette, ce qui aurait abouti de facto à la faillite du groupe.

Après avoir entamé les discussions en février, “aujourd’hui nous sommes dans la bonne direction pour arriver à une restructuration globale” et “garantir la pérennité de l’activité”, a souligné M. Rose, tout en précisant que plus de détails seraient donnés à la mi-juin.

Selon Les Echos de mardi, le plan de sauvetage “passera par une conversion de la dette en capital”, ce qui signifie que les créanciers deviendraient actionnaires du groupe. Le PDG de Thomson n’a pas souhaité confirmer ces informations, indiquant simplement que c’était “une des options” envisagées.

Le groupe a par ailleurs publié son chiffre d’affaires pour le premier trimestre 2009: il s’inscrit en hausse de 8,5% sur les activités poursuivies (+3,1% à taux de change constants), à 915 millions d’euros.

“Nous avons réussi à maintenir la confiance de nos clients et, dans plusieurs de nos activités, nous estimons avoir gagné des parts de marché au premier trimestre”, a assuré M. Rose qui a également fait état d'”une forte amélioration de la profitabilité”.

Il n’a toutefois pas souhaité donner de prévisions pour 2009, l’environnement restant “difficile”.

“Le processus de vente continue”, a-t-il ajouté. Après avoir fini 2008 sur de lourdes pertes et des ventes en chute libre, Thomson a en effet décidé de se séparer de 1,1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, soit 20% de ses activités, pour se recentrer autour des studios de cinéma et de télévision.

Sont notamment concernés Grass Valley (équipements de diffusion), Premier Retail Networks (PRN), réseau publicitaire sur le lieu de vente, et la filiale Screenvision, régie publicitaire pour le cinéma dont le groupe détient 50%.

Dans le cas de Grass Valley, qui compte 2.300 salariés dans le monde, dont 1.100 en France, “nous avons toujours comme objectif de conclure un accord de principe pour l’été avec un acheteur potentiel”, a précisé M. Rose.

Ancien fleuron de l’industrie française, Thomson a complètement changé de visage, cédant ses activités d’électronique grand public (téléviseurs, lecteurs de DVD, accessoires), en difficulté face à la concurrence asiatique.

Mais sa reconversion dans les métiers de l’image, au rythme de nombreuses acquisitions et de restructurations coûteuses, n’a jamais rencontré le succès escompté. Thomson regroupe aujourd’hui des activités très disparates, des décodeurs aux effets spéciaux pour le cinéma, en passant par la duplication et la distribution de DVD, et pèse moins de 300 millions d’euros en Bourse.